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9 mars 2018 5 09 /03 /mars /2018 14:23
La menace de Donald Trump, taxer à 25% les importations d'acier et à 10% les importations d'aluminium, a fait frémir les capitales du monde entier. Ce n'est pourtant pas véritablement une surprise : depuis son élection, on ne pouvait que s'y attendre, sauf à patauger dans l'irréalisme le plus stupide. Ceux qui s'étonnent n'avaient pas bien réfléchi, ou font juste mine de s'en étonner. Cela participe de la volonté affichée de Donald Trump de "protéger l'économie des Etats-Unis" telle qu'affichée dans son slogan "America first".
 
Bien sûr, c'est avant tout une décision -- si elle se confirme -- suicidaire, puisque les premières victimes d'une telle décision seront les entreprises américaines qui utilisent l'acier et l'aluminium et qui devront désormais les payer au prix fort, celui des Américains ou celui des importations taxées. Bien sûr, ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'économie mondiale globalisée et interdépendante. Bien sûr, c'est une décision qui va à l'encontre de la tendance internationale qui prévaut depuis la Seconde Guerre mondiale, avec les négociations du GATT puis de l'OMC visant à "ouvrir" toujours plus les échanges transnationaux.
 
Pour autant, les Etats-Unis nous ont habitués à ce protectionnisme relatif et à des ajouts de taxes douanières dans les périodes de crise (la différence est que la période actuelle est euphorique) : Reagan les a pratiquées, Bush aussi, et jusqu'à Obama, chacun dans les domaines qu'il a jugés utiles. Acier et automobile au premier chef. Un peu de recul permet de raison garder. Pour Trump, il s'agit aussi et surtout de conforter son électorat. La démocratie n'incite pas à la vision. Elle navigue à courte vue : la prochaine élection. On a vu cette myopie à l'oeuvre dans les tenants du Brexit en Angleterre. La tendance économique suicidaire des anglo-saxons est en passe de devenir une règle.
 
La réponse de Trump est donc, tout le monde est d'accord, une mauvaise décision. Mais la question qu'il pose est celle que personne n'ose se poser ou presque parmi les dirigeants occidentaux : quid de la mondialisation ? La globalisation et le renforcement des échanges dans le monde (Helmut Schmidt résumait la globalisation à l'accélération fulgurante des échanges de capitaux) ont certes permis d'éviter des guerres (peut-être) et surtout de développer des pays qui méritaient de l'être. La misère a reculé comme la famine depuis les années 1940. Mais l'idéologie libre-échangiste à tout crin a aussi entraîné l'appauvrissement d'une partie de la population dans les pays anciennement développés et surtout une fragmentation des sociétés occidentales dont on voit bien le résultat en Europe avec la montée constante, depuis trente ans, des populismes et de l'extrême-droite.
 
Alors, faire front avec raison contre les décisions de Trump, oui, bien sûr. Mais poser les questions qui fâchent, c'est aussi nécessaire. Que nos dirigeants ne restent pas enfermés dans le cockpit de leur avion de la German Wings, sinon la montagne nous attend tous.
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