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19 février 2021 5 19 /02 /février /2021 05:46

Christian Soleil, qui a publié quelques ouvrages ces dernières semaine

 

- VENT DIVIN, récits, 2021, 166 pages, 15,50 euros

 

Harry s'est retiré sur l'île grecque de Skyros, où il coule des jours paisibles à défaut de trouver la tranquillité de l'esprit. Entre mer et soleil, promenades bucoliques et crépuscules flamboyants, il ne cesse de repenser à son amie Mélina, morte renversée par un autobus dans Fleet Street, Londres. Comment l'accident s'est-il passé ? Pourquoi Mélina s'est-elle précipitée sous les roues du véhicule ? Il s'interroge sur les circonstances du drame : finira-t-il par découvrir toute la vérité ?

 

- LE MIROIR, récit, 2021, 26 pages, 9,00 euros

 

Harry s'est retiré sur l'île grecque de Skyros, où il coule des jours paisibles à défaut de trouver la tranquillité de l'esprit. Entre mer et soleil, promenades bucoliques et crépuscules flamboyants, il ne cesse de repenser à son amie Mélina, morte renversée par un autobus dans Fleet Street, Londres. Comment l'accident s'est-il passé ? Pourquoi Mélina s'est-elle précipitée sous les roues du véhicule ? Il s'interroge sur les circonstances du drame : finira-t-il par découvrir toute la vérité ?

Christian Soleil publie deux recueils en même temps
Christian Soleil publie deux recueils en même temps
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19 février 2021 5 19 /02 /février /2021 02:51
Il n’est qu’à faire défiler la page Facebook ou Instagram de Takumi Nakayama pour comprendre que, malgré son jeune âge, il fait déjà partie des plus grands. Bien sûr, il y a son activité frénétique dont ces pages rendent compte, ses prestations régulières dans les plus importants festivals de jazz japonais comme étrangers, ses participations dans les soirées du Pit Inn et autres cabarets de Shinjuku et d’ailleurs, les vidéos de ses entraînements et de ses répétitions qui laissent entrevoir le bonheur que représentent pour lui le labeur, l’effort quotidien, l’amélioration d’un son jusqu’à sa pointe la plus extrême, le perfectionnement sans fin de sa technique. Takumi est un perfectionniste jusqu’au bout de ses tenues, il soigne sa mise comme sa musique, ne laissant rien au hasard, fidèle aux valeurs japonaises du wabi-sabi et de l’harmonie générale du monde. C’est pour cela que sa vue sur une scène et, bien sûr, la musique dont il nous enveloppe, nous apaisent et nous permettent de voir le monde comme il n’est hélas pas toujours : un havre de paix, d’amour, d’amitié, de tendresse, de vie.
Il y a tout cela, c’est vrai, mais il y a aussi, très souvent, le respect teinté de bienveillance qui flotte dans son regard quand il joue à côté d’un de ces vieux jazzmen japonais qui ont connu les scènes des années d’après-guerre, parfois les scènes américaines sur lesquelles ils ont construit une partie de leur carrière. Je pense notamment à Isao Suzuki, parmi de nombreux autres. Le regard de Takumi Nakayama sur ceux qui l’on précédé, ceux qui sont allés jusqu’au bout du chemin, ceux qui ont consacré leur vie à la musique, ceux qui, aujourd’hui, se retrouvent souvent à ses côtés, cette gentillesse intrinsèque quand il se tourne vers eux, quand il leur dit, entre deux morceaux, une parole d’encouragement ou de reconnaissance, témoigne à l’évidence de la belle âme qui l’habite, cette âme qu’il nous livre dans un souffle sur des standards anciens comme sur ses propres compositions.
Au-delà même de sa musique, qu’il offre avec la générosité d’un moine zen, Takumi montre, dans sa relation à l’autre, qu’il s’agisse des musiciens qui l’accompagnent ou de son public, que jouer, pour lui, c’est avant tout offrir. Faire plaisir est son seul but. Donner est sa vocation. De scène en scène, de soirée en soirée, la vocation de Takumi est avant tout de disséminer de la joie. Cette joie qu’il partage notamment sur la scène, mais pas seulement. Bien sûr, il reçoit en retour de son public les applaudissements qui le nourrissent et qui le construisent. Mais Takumi prouve chaque jour que, comme l’affirmait Pierre Corneille : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années. »
Takumi Nakayama : la valeur n'attend pas...
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16 février 2021 2 16 /02 /février /2021 18:36
Christian Soleil interviewe Julian Bell, poète socialiste du groupe de Bloomsbury et neveu de Virginia Woolf

Julian Bell, membre du groupe de Bloomsbury, mort à la Guerre d'Espagne en 1937, était un poète résolument engagé à gauche. Cet intellectuel socialiste formé à Cambridge aura laissé une trace fulgurante dans le ciel des penseurs britanniques. Fils de Vanessa et de Clive Bell, il était aussi, de fait, le neveu de l'autrice réputée Virginia Woolf. Cette interview apocryphe, fondée sur les textes authentiques de Julian Bell, rend hommage à sa capacité de réflexion et de conceptualisation de son époque. Un jeune intellectuel d'une actualité à couper le souffle.

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6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 22:13

L'Eté 1995. Roman. L'amour vous tombe parfois dessus sans crier gare. Peut-on y résister ? Difficile. Peut-on s'y noyer ? Avec délectation. Le bonheur qu'il entraîne est sans doute une illusion, quand l'amour fraie avec la passion. Il porte en lui les germes de sa fin, comme l'arbre à l'automne annonce déjà ses bourgeons. Le départ n'y change rien : il renforce l'obsession. L'absence est partout là. Rien de plus présent qu'elle. Alors quoi ? Remplacer l'objet par un autre ? Trouver le repos dans une relation apaisée nichée au sommet de la pyramide ? C'est le propos de ce roman qui court de Lyon à Màlaga, au cours de l'été 1995. Un été caniculaire en Andalousie.

Version e-book et version papier.
Version e-book et version papier.

Version e-book et version papier.

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6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 16:47

L'Eté 1995. Roman. L'amour vous tombe parfois dessus sans crier gare. Peut-on y résister ? Difficile. Peut-on s'y noyer ? Avec délectation. Le bonheur qu'il entraîne est sans doute une illusion, quand l'amour fraie avec la passion. Il porte en lui les germes de sa fin, comme l'arbre à l'automne annonce déjà ses bourgeons. Le départ n'y change rien : il renforce l'obsession. L'absence est partout là. Rien de plus présent qu'elle. Alors quoi ? Remplacer l'objet par un autre ? Trouver le repos dans une relation apaisée nichée au sommet de la pyramide ? C'est le propos de ce roman qui court de Lyon à Màlaga, au cours de l'été 1995. Un été caniculaire en Andalousie.

Christian Soleil : L'Eté 1995, roman d'une canicule
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6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 13:52
Yves Brun et Christian Soleil dédicaceront leurs deux ouvrages écrits en commun : "David Bowie, Nathan Adler et l'adjoint au désordre" et "Au désordre"
le samedi 6 mars 2021
de 14 à 17h00
au restaurant Le Feugerolles,
22 rue de la République
au Chambon-Feugerolles
(accueil dans le respect des règles sanitaires - évènement déclaré en préfecture)
David Bowie, Nathan Adler et l'adjoint au désordre (Edilivre, 2020) par Christian Soleil et Yves Brun
On retrouve le cadavre d'un adjoint à la culture déchiqueté sur le tapis de son salon, puis celui de son épouse dans un entrepôt désaffecté. Qui a pu en vouloir à ce couple discret, apprécié, sans histoires ? Le commissaire Nathan Adler mène l'enquête. Cet ancien de la brigade Art Crime Inc., qui opérait à New York à la fin des années 1990, est surpris de retrouver les mêmes pratiques dans la petite ville de province française que dans l'Amérique flamboyante de l'époque, où sévissait l'Art-Crime, un courant artistique utilisant le meurtre comme moyen d'expression. Faut-il voir un lien entre ces meurtres et la vanité des politiques locaux, ces hommes et plus rarement ces femmes entraînés à manier l'hypocrisie, à force d'impuissance ? Et que vient faire David Bowie, le héros du glam-rock, dans cette mystérieuse affaire ?
Au Désordre (Edilivre, 2020)
Yves Brun, professeur d’histoire, est un personnage atypique, libre, volontiers impertinent. Dans la petite ville du Chambon-Feugerolles, où il a fait toute sa carrière, il fut un temps adjoint à la Culture. Une expérience qui consacrait toutes les valeurs dans lesquelles il croit : la culture comme élément de développement humain, créateur de lien entre les individus, la transmission, l’accompagnement, la générosité. Il a fait ce qu’il a pu, il a beaucoup été félicité par la population, puis il a été remercié. L’activité politique ne fait pas de cadeau. Il ne faut pas y chercher la moindre reconnaissance : elle est aux abonnés absents.
Dans cet ensemble de textes, il revient sur ses expériences au service de la jeunesse puis de la population chambonnaire dans son ensemble. Avec drôlerie. Avec humanité. Avec la profondeur joyeuse de ceux qui sont revenus de tout mais, malgré toutes les déceptions, malgré les trahisons, continuent de croire en l’Homme.
Les auteurs
Christian Soleil est l'auteur de nombreux ouvrages dans les genres les plus divers (romans, essais, biographies, théâtre, contes populaires, livres de management et de communication). Il vit et travaille dans le sud-est de la France et passe une partie de l'année à Londres et à Tokyo.
Yves Brun, professeur d'histoire, ancien adjoint à la culture de la ville du Chambon-Feugerolles, où il a développé une saison culturelle exigeante et diversifiée pendant plusieurs années, est passionné de littérature et de musique. Il a décidé d'unir sa plume à celle de Christian Soleil pour les besoins de ce roman noir à la limite du fantastique.
Un thriller haletant, du sang et quelques restes.

Un thriller haletant, du sang et quelques restes.

Christian Soleil signe son 300e ouvrage.

Christian Soleil signe son 300e ouvrage.

Yves Brun le prof d'histoire.

Yves Brun le prof d'histoire.

Au désordre, le témoignage émouvant d'un prof impliqué.

Au désordre, le témoignage émouvant d'un prof impliqué.

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1 février 2021 1 01 /02 /février /2021 02:55

 

 

 

Le roman At the end of the matinee, de Keiichiro Hirano, sortira le 15 avril prochain dans sa version anglaise. Une occasion pour le public occidental de découvrir un deuxième roman de l’auteur japonaise dans la langue de Shakespeare, de nombreux autres ayant été traduits en français chez Philippe Picquier et Actes Sud.

 

Le roman de Keiichiro Hirano s’inscrit dans son époque : celle d’un Japon en proie à une crise de confiance qui dure depuis 1995 et l’explosion de la bulle financière, poursuivant dans un confort qui se dégrade peu à peu le rêve nostalgique des Trente Glorieuses et d’une croissance qu’on avait crue sans fin ; celle des attentats de Paris, en 2015, dans une France qui découvrait ce qu’elle n’avait pas voulu voir, c’est-à-dire que le terrorisme pouvait venir de l’intérieur et n’en était que plus violent.

 

Au milieu de ce monde en pleine mutation, une histoire romantique fleurit entre un homme et une femme. Chabadabada ? On est loin de Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée dans le film de Lelouch, Un Homme et une femme, le fameux film de Lelouch, et pourtant… Il y a le même doute qui pèse sur soi, sur son identité, sur le sens de la vie, la même indécision, le même trouble sentimental, la même absence de lutte, le même vide existentiel. Puissance dix dans le livre de Keiichiro Hirano.

 

Dans le film de Lelouch, les deux protagonistes principaux mènent des existences d’apparence facile : des vies confortables, épanouies, matériellement sécures. Chez Lelouch, Trintignant (Jean-Louis Duroc) est coureur automobile, célèbre, adulé. Sa femme se suicide après qu’il a souffert d’un grave accident automobile, croyant qu’il est perdu. Anouck Aimée (Anne Gauthier), script-girl, se remet péniblement de la mort de son cascadeur de mari.

 

Dans le roman de Keiichiro Hirano, au cœur d’une époque sans espoir, il en va un peu de même. Satoshi Makino est un guitariste classique au faîte de sa gloire, qui donne des concerts dans le monde entier, que des milliers de fans adulent et qui a pour ainsi dire perdu, de concert en concert, dans une vie qui ressemble à une course contre la montre, avec des relations faussées et souvent inauthentiques, le sens de sa propre existence. Un soir, après une représentation, il rencontre Yoko Komine, une journaliste qui mène son métier comme on part en guerre.

 

Une conversation se noue entre eux, qui ne cessera pas. Il se verront de loin en loin, proches comme personne, distants comme jamais. Ils alterneront des moments d’une force inouïe, avec le sentiment d’avoir rencontré chacun son alter ego, et d’interminables temps morts, ne sachant trop s’ils sont amoureux, attirés, sentimentaux, rêveurs, englués qu’ils sont dans un individualisme qui est peut-être le propre d’une classe sociale favorisée : celle qui réunit les privilégiés de la mondialisation heureuse, ces gens qui mènent une vie aussi intense que les libertins à l’époque du marquis de Sade ou les rockeurs des années 1950, qui prennent l’avion comme on prend le bus, qui errent de capitale en capitale comme des âmes damnées pendant un purgatoire. Ils font partie de ces êtres qui, vus de l’extérieur, par ceux qui n’ont rien, ressemblent bien à un scandale : comment ne pas être heureux quand tout nous sourit ?

 

Mais les choses ne sont pas si simples. Il n’y a pas de liberté : seulement des libérations, et le confort de vies sans histoires peut miner les âmes comme le ferait un confinement. Quand on fait le tour de la terre comme le tour de sa prison, difficile de rêver, difficile d’espérer. On est dans le monde comme un voleur dans une maison vide. C’était donc seulement ça ?

 

Si les romans sont des autoportraits, comme Cocteau le prétendait de toutes les œuvres, alors on se dit que l’auteur d’une telle œuvre porte sur lui-même un regard à la fois bienveillant et courroucé. Il semble en effet en permanence – mais il ne s’agit là que d’une impression de lecteur – partagé entre une certaine tendresse pour ses personnages et leurs affres sentimentales et un agacement pour la puérilité de leur romantisme exacerbé.

 

Yoko, journaliste engagée et combative, est séduite par la douceur de la musique de Makino, par la sensibilité à fleur de peau du musicien. Makino, lui, est intrigué par le raffinement intellectuel de Yoko. Mais l’un comme l’autre garde ses distances ; ils restent comme inconscients du sentiment qui monte en eux, incapables de le reconnaître, de l’affronter, de le dominer et surtout de le vivre. Ni l’un ni l’autre n’ose faire le premier pas. La relation si forte qui les lie pourra-t-elle ainsi se poursuivre et se développer ? Finiront-ils par composer ensemble une symphonie sentimentale ? Ou bien laisseront-ils le destin les séparer comme il sait toujours le faire ?

 

C’est la question centrale et quasiment philosophique de ce roman que les inattentifs et les incultes prendront pour une bluette, et qui pose fondamentalement la question du sens de la vie et de notre libre-arbitre.

 

 

Keiichiro Hirano : La question essentielle
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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 14:34
Il y a dans la musique de Takumi Nakayama, ce saxophoniste japonais féru de jazz, la synthèse heureuse d'un Japon ouvert à tous les vents et à toutes les influences occidentales, un Japon qui correspondrait, dans le domaine de la littérature, à l'ère Taishô, qui vit éclore les Izumi Kyôka, Nagai Kafû, Edogawa Rampo, Tokuda Shûsei, Yokomistu Riichi, Hayama Yoshiki, Akutagawa Ryûnosuke, Mori Ôgai, Tayama Katai, Kaijii Motojirô, Tanizaki Junichiro. Takumi Nakayama navigue comme un petit bouchon sur un océan de musique secouée par les courants. Il semble s'en moquer, démontrant la singularité de l'artiste dans son époque, prouvant que le jazz qui est le sien s'affranchit en quelque sorte de son époque, dépasse ses contradictions et se nourrit de tout ce qui l'a précédé sans jamais s'y attacher. Nul revival, nulle nostalgie. Takumi Nakayama fait du neuf sans renier le passé. Il s'installe dans l'ici et maintenant d'une fort belle manière qui témoigne aussi de ses origines personnelles : un Japon moderne, qui a lui-même dépassé ses propres tiraillements idéologiques, qui n'a plus rien à prouver et qui respire le grand air qui flotte l'été sur la plage de Kamakura.
Le jazz de Takumi Nakayama respire la nuit d'été, les odeurs d'essence et de whisky japonais. "L’écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi," écrivait Jean-Paul Sartre. Sans doute le philosophe aurait-il pu attribuer cet aphorisme à l'univers du jazzman. Mais Takumi Nakayama, par sa pratique musicale, le dément. Comme il dément Woody Allen qui écrivait avec humour : "L'homme est une créature prédestinée à exister dans son époque, même si ce n'est pas là qu'on rigole le plus." Le jeune jazzman, en effet, vit dans son époque quand il joue, mais il fait le lien avec celles qui ont précédé, tout en préparant l'avenir.
Car le jeune homme s'est affranchi des normes et des clichés. Le jazz de Nakayama, c'est ce que joue Takumi. Un point, c'est tout. Il ne souffre aucune étiquette. Car Takumi a beau être encore jeune, il a joué avec les plus grands, ceux de son pays comme ceux d'ailleurs. On l'a vu, sur les scènes tokyoïtes, aux côtés des plus grands, dans des noces musicales où son humilité transcende les individualités les plus fortes. Des cabarets de Shinjuku aux scènes américaines, Takumi inspire les foules et amène sur les visages des sourires qui semblent ne pas être de notre temps. Il imprime à toutes choses une légèreté, il distille grâce à sa musique une distance sur les choses de ce monde. Takumi Nakayama, c'est Alice aux pays de merveilles : "Mais alors," dit Alice, "si le monde n'a absolument aucun sens, qu'est-ce qui nous empêche d'en inventer un?"
Là est la clef de la musique de ce jeune homme. Il passe son temps à inventer un monde apaisé, doucement joyeux, discret, baigné de sons lascifs, sensuel en diable. S’il faut écouter Takumi Nakayama, c’est parce que son jazz est abordable sans jamais être gratuit, qu’il est une porte d’entrée accueillante vers ce genre musical si large et en apparence si difficile à cerner. Si vous cherchez à découvrir le jazz en commençant par le free d’Ornette Coleman, par l’album ESP de Miles Davis, ou par la géniale folie d’Hiromi Uehara, il y a de fortes chances pour que vous souffriez à la première écoute. Ça n’est pas le but. La musique de Takumi Nakayama, elle, est bien plus axée sur le son, sur ce souffle de saxo reconnaissable entre mille, dont la suavité n'est pas quelquefois sans évoquer Chet Baker… Chez le jazzman japonais, on n’entend pas la technique, alors qu’elle est bel et bien là.
Celles et ceux qui un tant soit peu d’admiration pour les rock stars et leurs parcours "dépravés", pour leurs histoires de tournées dingues, de groupies, de drogues et de prises de tête qui font parfois les légendes, dites-vous bien que le jazz n’a rien à leur envier. Pourtant, ce n'est pas du côté de l'autodestruction qu'il faut chercher Takumi Nakayama. S'il ne dédaigne pas un verre de Dom Pérignon, le jeune homme ne cherche visiblement pas à se dissoudre dans les nuits parfumées d'alcool de Shinjuku. Au contraire : il ne se débat pas dans les affres d'un individualisme forcené, il cherche à construire son oeuvre, à servir la musique, il se dévoue intégralement à un programme intérieur qui lui fait gravir peu à peu les marches de la gloire.
C'est dire qu'il faudra longtemps compter avec lui. Alors, autant ne pas attendre, puisqu'il faudra bien, un jour ou l'autre, écouter sa musique. Ne soyez pas à la traîne et plongez dans la musique de Takumi Nakayama, un verre de Suntory à la main. Fermez les yeux et regardez passer devant vous le ciel bleu d'Oiso qui règne sur le Pacifique.
Takumi Nakayama : le ciel bleu d'Oiso
Takumi Nakayama : le ciel bleu d'Oiso
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9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 15:52
 
Je viens de lire d'une seule traite le livre que Sarah Biasini a publié tout récemment sur sa maternité et sur cet étrange sentiment d'être prise dans le passage du temps, elle qui est (peut-on supposer, mais on ne sait jamais) au milieu d'une vie, entre son frère David et sa mère, morts "trop tôt" et sa petite Anna, qui ne voit encore du monde que des taches de couleur non identifiées grâce au langage.
Son livre est constitué de phrases courtes, qui disent, avec une pudeur prussienne, l'émotion contenue, l'émotion enclose. Qui la disent cependant. La tendresse voile sans cesse une violence non formulée. L'essentiel se niche dans la petite espace entre le point et la phrase suivante. C'est un livre de ponctuations, un livre de vie, un livre de résilience mais ce mot est tellement galvaudé. Le livre d'une noyée qui parvient quelquefois à reprendre un peu de souffle. Un livre de morceaux de vie arrachée au néant, à la mort.
Mais qu'est-ce que la vie, sinon des lambeaux de lumière arrachés à l'obscurité ?
Si ce livre nous parle, c'est parce qu'il éveille en nous la même chose, finalement. C'est parce que Sarah Biasini est comme un miroir. C'est parce qu'elle est un miroir qui reflète un autre miroir. C'est parce qu'elle nous suggère l'autre côté du miroir. C'est parce qu'elle est comme nous, engluée de ce côté-ci. Mouche dans la bouteille qui cherche la sortie.
Le livre de Sarah Biasini est un livre poli, et c'est sa grande force. Le ton est léger, jamais forcé, toujours juste. Il y a dans ses pages quelque chose d'enfantin : l'étonnement d'être au monde, la volonté de vivre malgré tout, malgré surtout l'envie tenace de rejoindre les siens.
Le 29 mai 1982, j'étais à Cologne, seul dans la chambre de l'étage, dans la maison de la famille allemande qui m'accueillait, jeune étudiant en stage linguistique. Je venais d'arriver. Le soleil entrait par la fenêtre en même temps que des odeurs de barbecue. Je lisais un roman de William Irish. J'entendis les pas du maître de maison dans l'escalier. Il ouvrit la porte de ma chambre sans frapper, abasourdi, pour m'annoncer la mort d'une actrice qui m'était chère. Il ne pouvait pas le savoir.
Sarah Biasini : "Quand on perd quelque part, il faut bien gagner ailleurs"
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3 janvier 2021 7 03 /01 /janvier /2021 22:44

Christian Soleil publie "Fortune faite", un ouvrage qui fait le point sur la vie et l'oeuvre de l'un des plus grands poètes français du XXe siècle.

 

Jean Cocteau fut si célèbre de son vivant que sa personnalité a projeté une ombre sur son oeuvre dans les trente années qui suivirent. Pourtant, comme il l'avait prévu : "Trente ans après ma mort, je me retirerai, fortune faite." La reconnaissance de ses talents touche le monde entier. On le lit au Brésil, en Allemagne, au Japon, on monte ses pièces dans toutes les langues, ses films devenus mythiques sont projetés tout autour de la terre et ses dessins apparaissent aujourd'hui plus modernes que jamais. On a fini par comprendre que cet homme à l'allure dispersée avait conçu un oeuvre d'une unité flamboyante. En fait, il a fait de la poésie en utilisant tous les véhicules à sa disposition. Cet ouvrage a pour seule ambition de faire le point sur ce que fut sa vie et sur l'oeuvre global qu'il nous a laissé. Il comporte des interviews exclusives de MM. Edouard Dermit et Jean Marais.

Jean Cocteau présenté par Christian Soleil : vie et oeuvre d'un poète
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