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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 01:57
Mes monstres sacrés
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Mes monstres sacrés
Mes monstres sacrés

Quand j’avais entre huit et treize ans, le voisin qui habitait en-dessous de chez mes parents, un type divorcé d’une quarantaine d’années, travaillait comme opérateur de cinéma. Il passait ses journées à passer et repasser des bobines de films, à les réparer, à les couper, avant les séances publiques. Le mercredi, comme il n’y avait pas école, il m’emmenait avec lui. Il s’enfermait dans sa cabine et passait pour moi tous les films de la terre. J’avais la salle pour moi tout seul, les actrices et les acteurs à ma disposition sur des écrans vraiment géants et j’ai ainsi pu découvrir les nouveautés de l’époque et quelques classiques.

 

C’était l’époque des grands films de Claude Sautet. Mon actrice préférée était la plus française des Allemandes. Elle s’appelait Romy Schneider et ne sortait déjà plus avec Alain Delon qui lui-même ne vivait plus chez Georges Beaume, le journaliste de Cinémonde. J’ignorais que j’allais, des années plus tard, travailler avec l’ancien rédacteur en chef adjoint de Cinémonde, Pierre Guénin, devenu un vieux monsieur, organiser des expositions de ses tableaux, publier ses pièces de théâtre et son livre sur la Gay révolution, le recevoir à Londres dans le quartier de Walthamstow où je partageais en 1995 une maison avec le très jeune comte Rafael Martin de las Heras.

 

En 1968, Alain Delon et Romy Schneider venaient de se retrouver dans La Piscine où le second avait imposé la première. Le pitch de La Piscine, de Jacques Deray : Jean-Paul et Marianne passent des jours heureux dans une villa de Saint-Tropez. Harry, un ami, vient leur rendre visite avec sa fille Pénélope. Dès lors, un climat d'hostilité se développe car Jean-Paul tient rigueur à Harry d'avoir été l'amant de Marianne. Les relations sont tendues. Il y a l’été, le soleil, une atmosphère de vacances au cœur des Trente Glorieuses. Il y a le charme mature de la trentenaire Marianne (Romy Schneider). Il y a le son des cigales qu’on retrouve dans toute la Provence, sur les îles grecques et dans un Japon millénaire. Il y a la beauté touchante de Romy, le charme androgyne de Jane Birkin, l’assurance de Maurice Ronet et la fausse violence de Delon qui tente de cacher sa féminité derrière ses attitudes de macho, comme d’habitude.

 

A cette époque-là, mes actrices préférées s’appelaient Romy Schneider, Marlène Dietrich et Greta Garbo. Quelques années plus tard, je pus correspondre avec les deux premières, rencontrer même Dietrich après avoir poireauté longtemps au pied de son immeuble de l’avenue Montaigne à Paris, mais je ne pus évidemment pas approcher Garbo. Dietrich et Garbo m’avaient été révélées dans le cadre de rétrospectives dans les cinémas de Saint-Etienne. J’avais surtout été frappé par l’intensité dramatique de L’Ange bleu, le film de Josef von Sternberg qui avait révélé Marlène à l’Allemagne puis au monde.

 

Dans une petite ville de province, en Allemagne, vers les années 30, le professeur Rath la soixantaine, enseigne l'anglais. Chahuté, il saisit un jour des photos d'une certaine Lola-Lola que se passent ses élèves. L'un d'eux, Angst, avoue que, chaque nuit, beaucoup de ses camarades se rendent au cabaret "L'Ange Bleu" où chante la fameuse Lola-Lola.

 

Le professeur décide d'aller personnellement blâmer la chanteuse : celle-ci écoute gentiment le professeur, vieux célibataire naïf, et n'a guère de peine à éluder ses reproches. Ému par cet accueil, il en oubliera son chapeau au cabaret, tout en trouvant dans ses poches une des culottes de Lola.

 

Peu après, il retourne à "L'Ange Bleu" et Lola va l'ensorceler, au point qu'il prendra la défense de la chanteuse importunée par un marin ivre. Une bagarre éclate qui déclenche une descente de police : le professeur Rath (baptisé Unrath, "ordure", par ses élèves) doit se cacher sous la loge de Lola où il retrouve ses élèves. Après l'incident, il assiste au tour de chant de la vedette et termine la nuit dans sa chambre. Le lendemain après un nouveau chahut, il est réprimandé par le principal. Il se rend ensuite au cabaret pour apprendre que la troupe va partir en tournée. Amoureux fou, il demande sa main à Lola et l'épouse.

 

Après le mariage, il suit sa femme et connaît une vie conjugale agitée, devenant peu à peu le souffre-douleur, le pitre, de cette troupe miteuse qui finit par revenir à "L'Ange Bleu". La déchéance va s'accentuer : on l'oblige à paraître sur la scène où, devant ses anciens élèves, il est victime des plus basses avanies. La crise ultime éclate alors que le minable prestidigitateur lui casse des œufs sur la tête pendant que Lola se laisse séduire par Mazeppa, bellâtre avantageux et niais.

 

Rath a une défaillance : il revient à lui pendant le tour de chant de sa femme, quitte le cabaret et se traîne en pleine nuit, jusqu'à son ancienne salle de cours où il meurt, ravagé de honte et de chagrin, abandonné de tous.

 

Je découvris l’ampleur de la production d’Alfred Hitchcock. Les 39 Marches étaient l’un de mes films préférés, et j’étais surtout séduit par la période anglaise, qui marquait le début de la carrière du metteur en scène. Mais bien sûr, je n’étais pas insensible au brio de la caméra de Fenêtre sur cour, au trouble psychologique de La Corde ou aux effets terrifiants de Les Oiseaux. Je n’avais pas attendu l’âge de huit ans pour connaître Hitchcock, Romy Schneider ou Dietrich : ma mère m’avait fait découvrir, devant le petit écran, les principaux réalisateurs qui comptaient ainsi que les actrices et acteurs phares. Mais c’était autre chose de voir défiler autant de films sur grand écran dans la solitude de salles de cinéma immenses. En tout cas, je les voyais telles, qu’il s’agisse du cinéma Le France, dans le quartier Saint-François, du Royal, sur l’avenue de la Libération, ou du Méliès, tout près de la place Albert-Thomas.

 

Pourquoi Les 39 Marches ? Je ne saurais le dire. Peut-être l’avais-je vu d’abord avec ma mère. Elle et moi avions une passion pour Londres, où je n’étais jamais allé, mais où je savais déjà que je passerais une partie importante de ma vie, parce que je le voulais. Parce que c’est un excellent film aussi, et que, bien que très jeune, je sentais confusément, sans être capable d’en expliquer les ressorts, ce qui constituait une œuvre de qualité. Après L'homme qui en savait trop en 1934, Les 39 Marches confirme Hitchcock dans l'espionnage et le suspense, style qu'il continuera d'exploiter jusqu'à la fin de sa carrière. On retrouve ici tout ce qui fera le succès d'Hitchcock dans la première partie de sa carrière hollywoodienne et c'est pour moi son sommet anglais avec Une Femme Disparaît.

 

Comme souvent, il choisit de mettre un humain ordinaire dans le rôle d'un coupable accusé à tort qui ne comprend pas ce qui lui arrive et à nouveau, il met en avant une police incompétente. L'histoire, nous emmenant au cœur d'un complot d'espionnage autour d'un jeune canadien vivant à Londres, tout comme les personnages, est très bien écrite, mais c'est surtout à eux que s'intéresse Hitchcock, les relations qu'ils vont avoir et les péripéties qui vont leur arrive jusqu'à un final parfaitement orchestré et mémorable.

 

On retrouve dans Les 39 Marches tout le génie d'Hitchcock et c'est un vrai régal. Il ne nous laisse aucun répit et nous entraîne avec le héros dans tout un lot de péripéties où suspense, sensations fortes, humour british, MacGuffin, histoire d'amour imprévisible et charme fou seront à leur comble. Au-delà même du suspense et de l'intrigue, c'est vraiment grâce à ses personnages que le film est si bien réussi, notamment le couple composé de Robert Donat (génial en charmeur habile et beau parleur) et Madeleine Carroll dont les relations, dialogues et sous-entendus sont aussi piquants que savoureux. Elle prend merveilleusement place dans la lignée des blondes hitchcockiennes et le maitre du suspense, qui ici porte très bien son surnom, ne la néglige jamais, sachant la traiter avec aisance, humour et subtilité.

 

Hitchcock orchestre son récit avec brio, met son héros dans diverses postures et enchaîne assez vite les situations. Le montage est parfait, sachant retranscrire l'urgence des protagonistes et la tension arrive assez vite sans jamais redescendre, bien au contraire même. Hitchcock nous immerge dans une grande variété de lieux et d'ambiances sans jamais se faire lourd ou lassant et plusieurs séquences sont mémorables, témoignant de toute la maitrise et génie de ce réalisateur, que ce soit dans le train, à l'auberge ou durant le final. La construction est assez similaire à quelques-unes de ses futurs œuvres, et c'est ici totalement efficace, surtout qu'il ne manque pas d'humour et de légèreté alors que le danger est constamment présent, notamment lorsque notre couple se trouve au coin du feu. La photographie en noir et blanc est superbe, tout comme l'exploitation des décors et paysages (les brumes écossaises surtout) et le film n'a pas pris une ride, il reste un régal et un modèle d'efficacité et de maîtrise.

 

Préférant se concentrer sur ses personnages que sur l'intrigue et sa machination, Hitchcock nous fait vivre sans temps morts de nombreuses péripéties et sensations fortes, ne manquant surtout pas de maîtrise, d'humour, d'efficacité et surtout de charme. L'un de ses sommets anglais et il construit un modèle qu'il reprendra à de nombreuses reprises à l'avenir, à commencer par La Mort aux Trousses.

 

Si mes actrices favorites étaient toutes des femmes étrangères venues du Nord, mes acteurs préférés étaient français. Ils s’appelaient Jean-Louis Trintignant, Alain Delon et Michel Bouquet. Tous trois très différents, ils partageaient pour moi des qualités de mystère, de silence et de méditation qui me les rendaient familiers. J’ai eu la chance de rencontrer le premier à de maintes reprises, d’échanger parfois avec le second et de voir le troisième sur scène dans plusieurs pièces. De Trintignant, je garde surtout une image forte : celle du commissaire de police Carella, qu’il interprète dans le film de Philippe Labro, Sans mobile apparent. Le film se passe à Nice, une ville que je connaissais mal mais où je sentais que j’allais, là aussi, passer une partie importante de ma vie, entre le cours Saleya, la Coco Beach et le Negresco.

 

A Nice, trois crimes sont commis, sans mobile apparent, par un homme muni d'un fusil à lunette. En épluchant le journal intime d'une des victimes, un riche industriel, le commissaire Carella, chargé de l'enquête, remarque le nom d'une jeune femme, Jocelyne Rocca. Il l'invite chez lui, et apprend alors qu'elle a été en contact avec les trois personnes qui ont été assassinées. Dès lors, Carella redoute que Jocelyne ne soit une quatrième victime…

 

Pendant tout le film, Jean-Louis Trintignant se lave les mains. JLT cours (quand un réalisateur veut s'amuser, il fait courir Trintignant). JLT s'amuse à faire peur aux témoins ("bel endroit pour se faire descendre"). JLT se lave les mains. JLT cours. JLT reluque le décolleté de Stéphane Audran. JLT se lave les mains. Etc... Pendant ce temps, Dominique Sanda la joue "nouvelle vague" : elle dit son texte comme une collégienne sa récitation au tableau. Jean-Louis Trintignant est l'inspecteur Stéphane Carella, avatar de Steeve Carella, inspecteur du 87e district et héros récurrent des romans d'Ed McBain et plus particulièrement de Ten+one qui a servi de base au film. Philippe Labro transpose le roman noir new yorkais sous le soleil niçois. Mais l'histoire voyage mal et le drame parait trop supportable au soleil. Seule la musique d'Ennio Morricone légère en apparence, laisse une impression inquiétante. Pour autant, j’ai adoré ce film, séduit que j’étais par le personnage incarné par Trintignant, par son TOC dont j’étais convaincu – peut-être à tort – qu’il dévoilait quelque chose de la personnalité du policier.

 

Delon me fascinait dans tant de films que je ne tenterai même pas de les citer tous. Les Félins et Le Samouraï furent sans doute de ceux qui me firent la plus grande impression, mais Plein soleil, de René Clément, arrivait en tête de mon top ten personnel. Le film était tiré du roman de Patricia Highsmith, Le Mystérieux Mr Ripley.

 

Mary Patricia Plangman, dite Patricia Highsmith, était une romancière américaine connue pour ses thrillers psychologiques. Elle est élevée par sa grand-mère à New York où elle fait ses études (diplômée en anglais, latin et grec). En 1938, elle s'inscrit à l'université Columbia qu'elle quitte diplômée en 1942. Patricia Highsmith s'intéresse à l'écriture dès l'adolescence et publie sa première nouvelle L'Héroïne (The Heroine) dans le magazine Harper's Bazaar en 1944 (prix O. Henry en 1946).

 

Elle exerce un temps le métier de scénariste de bandes dessinées avant de s'atteler à la rédaction de son premier roman L’Inconnu du Nord-Express (Strangers on a Train) qui est publié avec succès en 1950. Il a été adapté trois fois au cinéma, notamment par Alfred Hitchcock en 1951.

 

En 1952, elle publie un roman, Carol, sous le pseudonyme de Claire Morgan en raison de la description de relations lesbiennes. L'édition de poche se vendra à plus d'un million d'exemplaires. Un séjour en Europe lui inspire le personnage cruel et mystérieux de Monsieur Ripley qu'elle réutilisera dans quatre autres romans au cours de sa carrière. Le roman, The Talented Mr. Ripley (Plein soleil / Le Talentueux Mr Ripley), publié en 1955 est un de ses plus grands succès. Grand prix de littérature policière en 1957, il sera l'objet de deux adaptations cinématographiques.

 

Elle s'établit ensuite en Europe (d'abord en Angleterre, puis en France et en Suisse) où ses livres suivants sont plus appréciés que dans son pays d'origine. Son œuvre se compose d'une vingtaine de romans, d'un grand nombre de nouvelles et d'un essai (L'Art du suspense, 1981).

 

Patricia Highsmith avait des relations sexuelles avec des hommes et des femmes. Elle n'a jamais été mariée et n'a pas eu d'enfants. Elle vivait essentiellement seule pour ne pas être dérangée dans ses travaux d'écriture et appréciait la compagnie des chats. Elle est morte, âgée de 74 ans, atteinte de leucémie.

 

Le scénario de Plein soleil repose sur une intrigue très simple. Un milliardaire américain confie à Tom Ripley la mission de convaincre son fils Philippe Greenleaf, qui passe de longues vacances en Italie avec sa maîtresse Marge, de rentrer en Californie. Tom entre dans l'intimité du couple et devient l'homme à tout faire de Philippe qui le fait participer à toutes ses aventures sans cesser de l'humilier. Tom profite de l'absence de Marge pour assassiner Philippe. Qui plus est, il s'identifie à ce dernier et parvient à duper la police et Marge.

 

J’ai revu Plein soleil pendant toute mon adolescence, au moins une fois par an dans le cadre de rediffusions télévisuelles, puis en cassette VHS et en DVD, parfois dans des rétrospectives en France, en Europe ou même au Japon. Jamais je ne m’en suis lassé. D’autres versions, souvent plus faibles, ont vu le jour par la suite. En 1999, la version d’Anthony Minghella, avec Jude Law et Matt Damon, malgré son intérêt et sa grande proximité avec l’œuvre initiale, n’aura pas la même force. J’ai eu la chance de participer au tournage, invité par Jude Law, que j’avais découvert pour la première fois cinq ans plus tôt, en 1994, tout nu sur la scène du Royal National Theatre de Londres, où il interprétait le rôle de Michel, dans Les Parents terribles de Cocteau. Il m’avait reçu dans sa loge parce que je représentais Edouard Dermit, le fils de Cocteau, sans se soucier d’enfiler le moindre peignoir. Il était alors un très jeune comédien très ambitieux et tout à fait prometteur.

 

Je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer Michel Bouquet. Je l’ai vu plusieurs fois sur scène dans des pièces de Thomas Bernard ou de Ionesco. A sept ans, Michel Bouquet est envoyé avec ses trois frères en pension, une expérience douloureuse pour cet enfant réservé qui doit affronter la cruauté de ses congénères. Alors que son père est fait prisonnier de guerre, il enchaîne ensuite les petits métiers : apprenti pâtissier, mécanicien-dentiste, manutentionnaire. Un dimanche matin, alors que sa mère le croit à la messe, il se rend chez Maurice Escande, sociétaire de la Comédie-Française, qui lui propose de suivre ses cours. Intégrant le Conservatoire en compagnie de Gérard Philipe, il devient bientôt le comédien-fétiche de Jean Anouilh.

 

Grand acteur de théâtre, Michel Bouquet fait sa première apparition à l'écran en 1947 dans Brigade criminelle. Très tôt dirigé par des cinéastes prestigieux (Clouzot, Gance ou encore Grémillon), il devra toutefois attendre le milieu des années 60 pour s'imposer au cinéma. Son goût pour l'ambiguïté et son air austère en font un comédien idéal pour jouer les bourgeois inquiétants chez Chabrol, avec qui se noue une longue complicité (La Femme infidèle en 1968, Poulet au vinaigre). Autre réalisateur Nouvelle vague, Truffaut le fera tourner à deux reprises : La Mariée était en noir en 1967, puis La Sirène du Mississippi. Abonné aux rôles de salauds, l'acteur incarne un commissaire impitoyable dans Deux hommes dans la ville, un redoutable patron dans Le Jouet, la première comédie de Veber, ou encore Javert dans Les Misérables d'Hossein en 1981.

 

Michel Bouquet, qui a toujours confié qu'il préférait le théâtre au cinéma, se fait plus rare sur les écrans à partir des années 1990. Ses compositions, d'une infinie subtilité, n'en sont que plus marquantes : vieil homme qui réinvente son existence dans l'audacieux Toto le héros, premier opus du Belge Jaco van Dormael en 1990, il est le père indigne de Charles Berling dans Comment j'ai tué mon père d'Anne Fontaine, une composition glaçante qui lui vaut le César du Meilleur acteur en 2002. Après avoir proféré avec gourmandise (sur les planches puis devant une caméra) les insolents mots d'auteur de Bertrand Blier dans Les Côtelettes, il campe François Mitterrand au soir de sa vie dans Le Promeneur du Champ de Mars de Guédiguian, avec un mimétisme qui troublera jusqu'aux proches de l'ancien président. On ne peut plus en forme à 92 ans, il livre une interprétation forte d'un homme de caractère qui ne veut pas mourir, et qui veut rester indépendant malgré sa santé défaillante dans La Petite Chambre, une coproduction franco-suisse.

 

A l’époque où je fréquentais les salles obscures dans une infinie mais délicieuse solitude, c’est le film Le Jouet qui me révéla le talent de Michel Bouquet. François Perrin (Pierre Richard), journaliste au chômage depuis « dix-sept mois et six jours », parvient à trouver un travail dans un journal parisien, France Hebdo, dirigé par le redoutable milliardaire Pierre Rambal-Cochet (Michel Bouquet), épaulé par un rédacteur en chef de figuration, M. de Blénac (Jacques François), qui ne peut qu'approuver les choix du président Rambal-Cochet…

 

Rapidement, le jeune journaliste fait état du climat délétère qui règne au sein de l'empire Rambal-Cochet, en assistant, par exemple, aux « obligations », ces déjeuners publics au cours desquels M. Rambal-Cochet est censé féliciter ses employés et profite de l'occasion pour pouvoir se distraire. Impuissant, Perrin assiste également au licenciement d'un journaliste, Pignier (Gérard Jugnot), car ayant « les mains moites » !

 

Un jour, en compagnie d'un photographe avec lequel il s'est lié d'amitié (Charles Gérard), Perrin se rend dans un magasin de jouets appartenant à Rambal-Cochet, La Grande Quinzaine du Jouet, dans le cadre d'un reportage. Il tombe sur Éric Rambal-Cochet (Fabrice Greco), qui n'est autre que le fils du milliardaire, par ailleurs propriétaire du magasin. L'enfant, amusé par le comportement quelque peu maladroit du journaliste, décide de le prendre comme jouet. Embarrassé, Georges Pouzier (Michel Aumont), le directeur du magasin, lui dit qu'il n'est pas possible de le prendre comme jouet « car c'est un monsieur », mais le jeune garçon, qui n'a que faire des propos de Pouzier, insiste.

 

C'est donc dans un profond sentiment de malaise que Perrin, qui craint plus que tout le chômage, accepte. Il se retrouve dans une caisse, emmenée jusqu'à l'imposant hôtel particulier des Rambal-Cochet. Commence un curieux séjour dans un monde que Perrin découvre, l'univers d'Éric : délaissé par son père, il tyrannise son entourage et méprise sa jeune belle-mère Christine (Suzy Dyson).

 

Peu à peu, sous les airs d'enfant gâté et capricieux d’Éric, Perrin comprend sa détresse : il est le « jouet » d'Éric comme Christine est celui du Président. Il se prend d'affection pour lui et avec son aide, il se met à dénoncer les travers de l'empire et de la vie du père…

 

Mes goûts n’ont pas changé depuis l’enfance en matière de cinéma. J’ai découvert bien sûr de jeunes réalisateurs et des cinémas plus « exotiques » : le cinéma japonais et le cinéma coréen notamment. J’ai écrit une biographie du jeune acteur américain River Phoenix, mort le 31 octobre 1993 d’une overdose à Hollywood, qui m’avait beaucoup impressionné dans My Own private Idaho. En 1999, je découvris, avec Tabou, l’acteur Ryuhei Matsuda, qui a le génie de choisir les films les plus exigeants sans se préoccuper jamais de sa carrière. L’un des plus grands acteurs contemporains dans le monde.

 

27 octobre 2018

 

 

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