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22 novembre 2020 7 22 /11 /novembre /2020 08:51
Défiance, esprit critique et névrose
On n'en finit pas d'analyser les causes et les enjeux de la défiance des Français (surtout des Français, mais pas seulement) envers tout ce qui peut incarner une autorité morale, intellectuelle, démocratique, étatique, médiatique, philosophique, scientifique, et j'en oublie sûrement. Puisqu'on ne peut pas être sûr, mieux vaut rejeter.
La transparence qui galope à travers l'infini des médias sociaux nous laisse voir les doutes et les hésitations de ceux qui sont censés savoir, comprendre, décider pour nous, diriger. Dès lors, les esprits "libres", c'est-à-dire sans contraintes, mais aussi sans surmoi et parfois dépourvus de tout sens critique, plutôt de d'accorder leur confiance à des systèmes qui ont fait leurs preuves (certes partiellement, imparfaitement, avec parfois quelques dérives), et qu'il serait judicieux d'améliorer, préfèrent tout rejeter en bloc.
L'esprit libre qui ne cède devant aucun pouvoir, l'esprit qui renie tout DIeu et tout maître, c'est fondamentalement l'esprit anarchiste. Mais l'esprit anarchiste exige une capacité d'analyse et, justement, un sens critique comme un surmoi correctement développés. L'anarchiste est son seul maître. Il doit avoir la capacité de son autonomie.
Or, la défiance généralisée ne correspond le plus souvent pas à une prise de recul salutaire, non plus qu'à une réelle autonomisation. Elle est une attitude puérile qui refuse les bras de la sagesse relative pour se jeter dans ceux des fabricants de fake news ou de conspirations imaginaires, parce que l'humain cherche des certitudes, qu'il cherche des certitudes et qu'il est toujours plus aisé de suivre la pensée prémâchée, par exemple une certaine "opinion publique", plutôt que de faire l'effort de penser. Le besoin de certitude est peut-être la plus grande faiblesse de l'homme.
Tout cela tient de la névrose : il est loin, le temps des certitudes, quand père et mère donnaient le là et que le monde de notre enfance était peuplé de gourous bienveillants. Le monde n'a changé que dans notre perception. Il est si difficile d'accepter le réel.
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