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28 décembre 2021 2 28 /12 /décembre /2021 14:51

Jean Cocteau arrive à Marbella en avril 1961 accompagné d’Edouard Dermit, son futur fils adoptif, et de son amie Francine Weisweller. Il avait 71 ans. L'hôte était la comtesse Ana de Pombo, une créatrice flamboyante et ancienne collaboratrice de Chanel, qu’il avait rencontrée à Paris. Dans ce coin de la Costa del Sol, il chercha son dernier refuge. Là, à l'épilogue de sa vie, deux ans avant sa mort, il écrit et dessine au bord de la mer.

 

« Il s'est rendu à Marbella en pensant qu'il lui restait peu de temps », raconte l'écrivain Alfredo Taján à propos de la recherche du paradis définitif de l'auteur aux multiples facettes. Son rythme de travail sur la côte de Málaga était remarquable. « Il a même peint les pierres », illustre le professeur Óscar Carrascosa. Il a écrit son journal, l’ouvrage Le cordon ombilical et une partie des poèmes du Cérémonial espagnol du Phénix et du Requiem. Il a peint des céramiques et les panneaux qui décoraient la boutique La Maroma, également salon de thé et lieu de rassemblement que De Pombo possédait à côté de la charmante Plaza de los Naranjos.

 

Après l'initiative présentée en 2016 par les autorités locales, la prochaine étape est la constitution de la bibliothèque spécialisée Jean Cocteau, avec l'acquisition éventuelle d'éditions originales et la publication en espagnol de ses ouvrages non traduits du français.

 

Le premier de ces ouvrages sera vraisemblablement un fragment du septième volume du Passé défini, les mémoires du créateur qui se concentrent sur son séjour à Málaga, Torremolinos et Marbella, inédit en espagnol. L'objectif de cette initiative public-privé est l'ouverture d'un centre d'art. L'un des espaces envisagés est le phare de Marbella, un endroit que Cocteau aimait visiter, bien que rien ne soit encore fermé.

 

2021 marque le 60e anniversaire du séjour du cinéaste français à Marbella, un anniversaire tout rond. Depuis 2016, Taján et Carrascosa co-réalisent, de l'Asociación de Estudios Cocteaunianos, un projet ambitieux. Le premier objectif est de faire de la ville un lieu de réflexion sur l'œuvre et la personnalité de l'écrivain, mais une action de long terme est proposée qui culmine avec l'ouverture du Centre d'art Jean Cocteau. Fin 2016, une exposition conçue comme le germe de ce futur espace était organisée.

 

Ce projet a été présenté en 2016 au Cortijo Miraflores, un musée municipal qui expose dans une petite salle le matériel (correspondance, dessins et photographies) donné par les héritiers de Pepe Carleton et qui illustre la relation entre les deux. Carleton était un souvenir du Tanger le plus somptueux, de l'ambiance intellectuelle et festive qui a sauté le détroit pour s'installer sur la Costa del Sol en raison du déclin de la ville maghrébine après l'indépendance du Maroc. Le projet est proposé comme une initiative de culture et territoire. Ses promoteurs veulent que tout comme Málaga s'identifie d'emblée à Picasso, il en soit de même entre Cocteau et Marbella. Les deux artistes étaient de grands amis depuis leur rencontre en 1916 et le Málagasy a transmis aux Français sa passion pour la tauromachie et le flamenco. « C'est une valeur pour Marbella de devenir une référence à la hauteur de la Côte d'Azur française », souligne Taján. "C'est une ville orpheline de grands projets culturels", ajoute Carrascosa.

 

Cette tâche ardue a débuté à la mi-juillet 2016 avec l'Aula Jean Cocteau, un programme d'activités qui avait le soutien, outre le Conseil municipal dirigé par le socialiste José Bernal, la Chaire Unesco et la Fondation générale de l'Université de Málaga, l'Ambassade de France en Espagne, l'Alliance française et la Fondation Lara. Des débats et des présentations ont été organisés sur l'auteur français, avec la participation de Juan Manuel Bonet, Luis Alberto de Cuenca et Vicente Molina Foix.

 

« J'écris ces notes à Marbella, sur la côte andalouse. En Espagne, l'exceptionnel est courant. Le peuple est un grand poète qu'on ignore », exprimait Cocteau dans Le cordon ombilical. Sur la côte de Málaga, il a vécu et créé à la recherche du dernier paradis, un refuge qui le revendique désormais.

Jean Cocteau et Marbella
Jean Cocteau et Marbella
Jean Cocteau et Marbella
Jean Cocteau et Marbella
Jean Cocteau et Marbella
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