Joaquin Sorolla et Paul Strand en lumière au musée Carmen Thyssen de Malaga

Je suis surtout extatique devant les quelques toiles de Sorolla accrochées dans le cadre de l’exposition Sorolla a Javéa, qui regroupe non seulement plusieurs tableaux du maître appartenant au musée, mais aussi plusieurs œuvres prêtées par le musée Sorolla de Madrid.

Joaquín Sorolla (1863-1923) découvre Jávea à l'automne 1896. Pour le peintre de trente-trois ans, le paysage du lieu est une révélation. Sorolla connaissait les paysages maritimes des plages de sa Valence natale, où il avait passé de longues journées à prendre des notes et à peindre des scènes traditionnelles de pêcheurs dans leurs bateaux, de femmes de pêche sur la plage effectuant diverses tâches, d'enfants jouant sur le rivage, de bœufs traînant des bateaux, etc

Cependant, à Jávea, Sorolla rencontre un paysage naturel complètement différent des côtes plates, étendues et sablonneuses du golfe de Valence. Il y découvre les zones montagneuses de l'imposant massif du Montgó, avec son prolongement vers la mer à Cabo de San Antonio, ou les majestueuses falaises autour de Cabo de la Nao. Ce relief côtier montagneux offre une configuration côtière escarpée, avec une orographie complexe formée de caps, de falaises, de ravins, d'îlots et de criques. Et tout cela dans le contexte des eaux immenses et cristallines de la mer Méditerranée et assaisonnées par les multiples nuances de vert offertes par la végétation existante dans le paysage naturel de Jávea.

Bref, Sorolla y trouva un panorama maritime et terrestre plein de beauté qu'il peignit avec passion durant ses quatre séjours en 1896, 1898, 1900 et 1905 et qui le fit plonger dans sa propre peinture, marquant une évolution dans son art. A Jávea, il découvre des effets de lumière sur le paysage, sur la mer et les rochers, d'une vibration, d'une intensité et d'une variabilité de couleurs qu'il n'avait pas connues jusque-là et qui le feront s'orienter vers de nouvelles approches picturales.

Comme un échantillon de ce Sorolla dans sa plénitude, dont l'art se transforme au contact de la beauté de Jávea, cette exposition rassemble une vingtaine d'œuvres du musée Sorolla et peintes dans plusieurs de ses campagnes picturales, notamment en 1905, à l'époque de maturité créative à laquelle appartiennent également Rocas de Jávea et le bateau blanc, de la collection permanente Carmen Thyssen. Cette œuvre date de 1905 et sert de point de départ à la présentation de près d’une trentaine de peintures et de notes prises par l’artiste avant d'exécuter ses toiles lors de ses séjours à Jávea, notamment cette année-là.. Profondément attiré et ému par son environnement, Sorolla expérimente et évolue vers de nouvelles propositions artistiques sur les rives d'une « sublime, immense Jávea, la meilleure que je connaisse pour la peinture ».

La peinture de Sorolla est unique non pas pour ses détails de la lumière et ses reflets sur la mer. Cette exposition en est un exemple clair et permet d’observer la récurrence des criques et des rochers de la côte d’Alicante dans ses toiles, son étude des figures dans l'eau et les jeux chromatiques que la lumière crée sur l'eau.

Au dernier étage du musée, exposition Paul Strand, plus précisément Paul Strand, la belleza directa (Paul Strand, la beauté directe). Ce parcours de l'exposition permet au visiteur de se rapprocher de la longue carrière du photographe new-yorkais Paul Strand (1890-1976), l'un des pionniers de la photographie moderne et figure capitale de ce médium artistique au XXe siècle.

A travers les œuvres les plus marquantes de l'exposition, les guides du Musée passent en revue les principaux jalons biographiques et créatifs d'un artiste qui, pendant soixante ans, est resté fidèle à la photographie directe, sans artifice et sans préjugés, qu'il a pratiquée lors de ses nombreux voyages en Amérique, Europe et Afrique, composant une fascinante galerie de portraits et de lieux parmi lesquels quelques images emblématiques de l'histoire de la photographie.