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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 00:55

Fils d'un sculpteur sur pierre, Arno Breker étudie les beaux-arts dans sa ville natale d'Elberfeld (Rhénanie du Nord) puis à Düsseldorf. D'abord intéressé par l'art abstrait, il se tourne progressivement vers les représentations classiques. Il s'installe pendant quelque temps à Paris, où il est l'élève d'Aristide Maillol. Il partage un atelier avec Alexander Calder et fréquente Jean Cocteau, Foujita, Brancusi et d'autres artistes du Paris bohème de l'époque. Il part ensuite à Rome après avoir obtenu le Prix de Rome de la Prusse en 1932, il séjourne à la Villa Massimo, l'Académie allemande de Rome. Il est rapidement reconnu dans toute l'Europe.

Visite d'Adolf Hitler à Paris en juin 1940, Breker est au premier plan, le 3e à partir de la gauche (tête levée). Au milieu des années 1930, son talent est apprécié par les idéologues du Parti National Socialiste (selon l'un de ses biographes français, Breker serait retourné en Allemagne début 1935, à la demande de Max Liebermann, grand peintre allemand de l'époque mais interdit de peindre car Juif, qui mourra quelques semaines plus tard. Breker réalisera son masque mortuaire). En 1937, abandonnant le style de sa jeunesse,, il est nommé professeur à l’École Supérieure des Beaux-arts de Berlin, il est remarqué par le ministère de la Propagande du Reich qui lui passe plusieurs commandes. Le régime nazi met alors à sa disposition trois grands ateliers de sculpture dans lesquels travaillent des dizaines de personnes dont pendant la guerre des travailleurs forcés français et italiens, demandés par Breker. Les conditions de travail dans ces ateliers sont particulièrement dures mais en grande partie à cause de la brutalité de Walter Hoffmann, le chef de des ateliers et nazi convaincu.

Breker y produit quantités de sculptures à la gloire de l'idéologie du régime. Il travaille au projet Germania, le réaménagement de Berlin avec Albert Speer. Hitler considère Breker comme un des génies artistiques du Troisième Reich. Le 23 juin 1940, il accompagne ce dernier dans sa visite de Paris.

Il participe à une exposition de ses œuvres à l'Orangerie dans Paris occupé en 1942. Cette exposition diversement appréciée est saluée avec enthousiasme par des intellectuels dont Jean Cocteau. Si Breker n'est pas impliqué directement dans le pillage nazi du patrimoine artistique en France, il fera néanmoins l'acquisition d'œuvres à des prix extrêmement bas.

En 1945, ses trois ateliers sont détruits avec les œuvres qui s'y trouvent, surtout des plâtres pour les futures sculptures des projets urbanistiques d'Hitler.

Il ne fut jamais poursuivi pour avoir honoré les commandes passées par le régime nazi, et il refusa toujours d'exprimer des regrets ou des excuses, estimant que les artistes n'avaient rien à voir avec la politique. Il semble qu'il n'ait jamais adhéré à l'idéologie raciste National Socialiste mais ait accepté ce régime par « opportunisme et mégalomanie ». Il est intervenu en faveur de nombreux d’artistes poursuivis des nazis. À Paris, il a protégé Pablo Picasso alors communiste des officiers de la Kommandantur. Arno Breker permit également de sauver l’éditeur allemand Peter Suhrkamp arrêté après avoir été fortement soupçonné de résistance contre Hitler.

Après guerre, il ouvre un nouvel atelier à Dusseldorf. Les commandes reviennent, principalement des industriels de l'Allemagne d'après-guerre. Il continue d'entretenir des relations avec les milieux intellectuels français dont des anciens du temps de la Collaboration comme Louis-Ferdinand Céline, Paul Morand ou Jacques Benoist-Méchin. D'Allemagne, il reçoit beaucoup de commandes de bustes. Il réalisera aussi ceux de Cocteau et de Jean Marais. Dans les années 1960, il réalise une sculpture du président égyptien Anouar el-Sadate. Alors qu'il est au Maroc à la demande du roi Hassan II pour un projet de monument à Mohammed V, il est présent en juillet 1971 lors de l'attentat de Skhirat contre le souverain marocain.

Il continue à sculpter jusqu'à sa mort en 1991. Son éloge funèbre a été prononcé par l'écrivain français Roger Peyrefitte.

Le musée Arno Breker de Nörvenich, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, présente ses œuvres au public.

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