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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 06:50

Le régime de l'auto-entrepreneur a été créé en 2009. A ce jour, plus de 1,1 million d'auto-entreprises ont déjà vu le jour. Aujourd'hui, une entreprise française sur deux se crée sous ce régime. Avec quand même un léger tassement ces derniers mois : en juillet, 23.682 créations d'auto-entreprises avaient été enregistrées par l'INSEE, au lieu de 27.819 en juin et 25.139 en mai. La même tendance avait été observée en 2011, suivie par une reprise les mois suivants.

 

SIMPLICITE

 

Qu'est-ce qui plaît tant dans ce nouveau régime entrepreneurial ? Réponse unanime des créateurs eux-mêmes et des observateurs : la simplicité et la fiscalité. Il n'a effectivement jamais été aussi simple de créer sa propre entreprise : une connexion sur le site officiel, www.lautoentrepreneur.fr, vous entrez votre nom, le nom de l'entreprise que vous créez, la description succincte de son activité. Et le tour est joué : vous voilà chef d'entreprise, en à peine cinq minutes et quelques clics ! Et très peu de temps après, entre trois jours et trois semaines, vous recevrez votre numéro de SIRET.

 

Tout le monde peut devenir auto-entrepreneur. Les demandeurs d'emploi qui ne veulent pas rester les bras croisés et se jettent à l'eau, en développant le projet personnel qu'ils gardaient dans un coin de leur tête. Le salarié ou le fonctionnaire qui souhaite arrondir ses fins de mois en développant sa propre activité. Le retraité qui a enfin pris le temps de travailler pour lui. Pour d'autres ce sera tout simplement une façon rassurante et économique (pas besoin de capital) de créer son entreprise : une sorte de mise à l'étrier. Toutes les raisons sont bonnes pour créer sa petite entreprise.

 

TOUS LES METIERS

 

Et à l'exception de très rares activités, notamment celles relevant de la TVA immobilière, de la location de matériels et de biens de consommation durable, tous les autres secteurs sont ouverts dans la production, le commerce, les services... Et l'auto-entrepreneur ne connaît finalement qu'une seule limite : celle de son chiffre d'affaires annuel. Il ne doit pas dépasser 81.500 euros pour une activité de vente de marchandises, d'objets, de fournitures, à emporter ou à consommer sur place, ou pour des prestations d'hébergement. Pour les prestations de service relevant des bénéfices industriels et commerciaux ou des bénéfices non commerciaix, le plafond est limité à 32.600 euros.

 

L'auto-entrepreneur est également dispensé de l'inscription au registre du commerce et des sociétés (RCS) pour les commerçants et au répertoire des métiers (RM) pour les artisans, sauf s'il exerce une activité artisanale à titre principal.

 

 

 

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 04:04

Le réalisateur transgressif de L'Empire des sens, Furyo ou Tabou s'est éteint à l'âge de 80 ans.

Il me remonte ce soir des images des années 1980 et 1990. Des images de David Bowie dans Furyo, d’une blondeur suspecte, le visage anguleux, la démarche souple au cœur d’un camp japonais pendant le Seconde Guerre mondiale. Des images du visage si tendre et si indifférent de Ryūhei Matsuda, magnifique androgyne qui fait son entrée dans une milice de samouraïs Shinsen Gumi. Cette arrivée suscite un tel engouement chez les autres hommes qu'elle donne lieu à des crimes, des suspicions et des meurtres. Si ce film bénéficiait d'une image et d'une distribution digne d'un grand film romantique, sa musique intrigante et entêtante, ainsi que la pâleur incroyable de l'acteur principal, triste et inquiétant, font de Tabou (Gohatto) un vrai film policier, une quête imaginaire qui plonge le spectateur dans un univers peu connu : le tabou de l'homosexualité.

C'était le grand représentant de la nouvelle vague du cinéma japonais des années 1960. Et il n'avait pas attendu de réaliser L'Empire des sens, en 1976, pour faire scandale.

Nagisa Oshima, né à Kyoto en 1932, orphelin de père à 6 ans, grandit entre sa mère et sa sœur. Ses études le mènent d'abord vers le droit et la politique, bientôt vers le cinéma: entre 1954 et 1959, cinq ans d'assistanat auprès de Masaki Kobayashi et Hideo Oba. Il écrit des scénarios et des critiques. En 1959, la Shochiku, une des majors japonaises, lui permet de réaliser ses premiers films. Mais elle se débarrasse de lui dès l'année suivante, lorsqu'il réalise Nuit et brouillard sur le Japon.

Sous ce titre, hommage à Alain Resnais, le réalisateur de 28 ans traite un sujet politique d'actualité: le renouvellement du traité de sécurité entre Américains et Japonais. Signé dix ans plus tôt, en 1950, celui-ci donne alors lieu à de violentes manifestations. Le film, qui met en scène les échecs et les déchirements de la génération d'après-guerre, apparaît comme un brûlot politique aux yeux de la compagnie, qui le retire de l'affiche quatre jours après sa sortie. Il révèle aussi la somptuosité formelle du cinéaste et sa vision nihiliste: un manque de foi dans la possibilité de changer le monde en s'engageant politiquement.

Oshima se tourne alors vers la production indépendante et va inaugurer ces thèmes sombres de sexe et de crime qui lui vaudront une réputation sulfureuse. Ainsi, en 1965 Les Plaisirs de la chair. En 1971, il signe La Cérémonie, qui parcourt l'histoire d'une famille à travers les traditions et les rites - mariage, funérailles… Mais sa compagnie de production va vers la faillite. C'est le producteur français Anatole Dauman qui lui permettra de tourner L'Empire des sens. Le film lui vaut une célébrité internationale. Inspiré par un fait divers, il dépeint les relations érotiques d'une geisha et de son patron, jusqu'au dénouement criminel. Avec pour la première fois dans un film non classé X un acte sexuel non simulé.

«Contre le système»

Par la suite, Oshima continuera de choisir des sujets où la transgression des tabous est une constante, mais sa filmographie sera maigre: L'Empire de la passion (1978), complément à L'Empire des sens. Furyo (1983), avec David Bowie en prisonnier de guerre anglais: homosexualité et cannibalisme dans un camp japonais, en 1942. Puis ce sera Max mon amour (1986), sur un sujet de Jean-Claude Carrière: un diplomate apprend par un détective privé que sa femme (Charlotte Rampling) le trompe… avec un chimpanzé. «Une fable pour la fin de ce siècle», a-t-il dit.

Esthète raffiné et intellectuel tenté par les idéaux révolutionnaires, Nagisa Oshima a évolué vers ce désenchantement et ce sentiment de l'absurde, où la politique finit par se fondre avec les pulsions individuelles. Il reste une figure caractéristique des avant-gardes des années 1960-1970: «Quand j'étais jeune, j'étais en colère contre le cinéma japonais, contre le système.» Il faisait alors des films révolutionnaires et fauchés. Puis il est passé à la dimension luxueuse d'un grand briseur de tabous: «Je crois toujours à la puissance critique de la transgression, à son potentiel libérateur», disait-il, avant le tournage de son dernier film, Tabou (1999), sur des samouraïs homosexuels.

15 janvier 2013.

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 04:28

Article publié par LE PROGRES de Lyon le 13 janvier 2013.

 

 

Livre. Né de la rencontre et de l’amitié entre deux auteurs stéphanois, ce livre de Christian Soleil nous décrit le parcours de Gabrielle Seyssiecq, psychothérapeute.

Christian Soleil puise son inspiration dans les grandes villes d’Europe, des États-Unis et du Japon. Photo DR
   

 

 

Christian Soleil puise son inspiration dans les grandes villes d’Europe, des États-Unis et du Japon. Photo DR
Christian Soleil puise son inspiration dans les grandes villes d’Europe, des États-Unis et du Japon. Photo DR  

 

Christian Soleil et Gabrielle Seyssiecq, tous deux Stéphanois, se sont rencontrés au milieu des années quatre-vingt-dix à la Fête du livre de Boën sur Lignon. Christian Soleil est consultant en management et communication. Gabrielle est psychothérapeute en retraite. Tous les deux écrivent et publient des romans. Une amitié naît. Plus de quinze ans plus tard, ils décident de composer ensemble un livre d’entretiens autour du parcours assez exceptionnel et du métier de Gabrielle Seyssiecq. Cette femme née à Lyon en 1923 a traversé la seconde moitié du XX e siècle. De petite fille psychopathe devenue militante chrétienne puis de gauche, féministe de la première heure elle deviendra infirmière psychiatrique puis psychothérapeute. Amie de Françoise Dolto, elle a conservé avec cette femme pédiatre et psychanalyste une relation téléphonique et épistolaire jusqu’à sa mort. On retrouve d’ailleurs les lettres échangées entre Françoise Dolto et Gabrielle Seyssiecq dans la correspondance de Dolto. Elle continue d’entretenir une relation très suivie avec sa fille, Catherine Dolto.

 

La question de la psychanalyse est bien sûr au cœur de leurs échanges, et puis «la vie, la vie qui va, la vie qui vient, la vie qui court et nous fait perdre». Ces échanges à la fois intimes, profonds font de ce livre de 90 pages un témoignage émouvant et plein d’enseignement. Les deux auteurs échangent sur la mort, la religion, la politique, la révolution, la solitude, la puissance de l’argent, le pouvoir du désespoir, la condition des femmes, l’autre...

 

Christian Soleil publie depuis l’âge de 20 ans des ouvrages dans les domaines les plus variés : roman, théâtre, essais, biographies, recueils de contes et légendes. Il puise son inspiration dans les grandes villes d’Europe, des États-Unis et du Japon entre lesquelles il voyage dès que ses occupations professionnelles le lui permettent. Il est actuellement à Londres pour une série de conférences sur le groupe de Bloomsbury. L’auteur, qui a écrit en son temps dans nos colonnes est installé aujourd’hui dans le sud de la France pour écrire ses livres mais il a un bureau à St-Etienne. Il vient de publier en même temps que ce livre d’entretiens avec Gabrielle, un essai sur les relations entre Marlène Dietrich et Josef von Sternberg. mais aussi une biographie du peintre Duncan Grant (« Mémoires de Duncan Grant ») en 2 tomes et des entretiens fictifs avec Julian Bell, poète anglais mort à la guerre d’Espagne. Enfin rappelons que l’auteur a publié un livre d’entretiens avec Michel Thiollière en septembre dernier. Il travaille à ce jour sur un livre d’entretiens avec un homme politique de Rhône-Alpes, un roman sur la jeunesse de Michel Ange, un livre de stratégies de communication, une biographie d‘Angelica Garnett, peintre et écrivaine anglaise, disparue le 4 mai dernier.

 

« Les Dîners du « je dis » »

Par Christian Soleil paru en décembre chez Edilivre Classique collection. Prix de vente public :

14 € en livre papier

8,40 € en téléchargement.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 02:19

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Tony Visconti spills the beans on cocaine, AA and sushi with David Bowie
Tim Teeman
Published at 12:01AM, January 12 2013
After a silent decade David Bowie is back. Tim Teeman talks to the singer’s producer, friend and representative on Earth. Scroll to the bottom for a track-by-track guide to Bowie’s new album
Tony Visconti has known David Bowie since 1967 and produced 12 of his most memorable albums, beginning with The Man Who Sold the World (1970). He has done “mountains of cocaine” with his longtime friend, “though alcohol was far worse”. Both are now sober veterans of Alcoholics Anonymous, living in New York with a shared passion for Japanese food — Bowie is “very much a sushi guy”. But when Bowie called Visconti two years ago to “work on some demos”, the 68-year-old producer admits that he was shocked.
“I had no idea he was writing again. We had spoken in 2009 and he had made it clear he wasn’t writing. And now this week, the single came out and it shocked the world,” he says.
The song, Where Are We Now?, a melancholic lament for Berlin where Bowie and Visconti lived in the 1970s, caused a global Bowie-gasm on Tuesday, Bowie’s 66th birthday, released with no advance hype at 5am GMT. It received its premiere on Radio 4’s Today programme. An album, Bowie’s first for ten years, The Next Day, will be released on March 11.
On the eve of the single’s release, “I couldn’t sleep,” Visconti reveals, drinking water in a smart New York private members’ club. He is dressed all in black, slim — he traded in drugs and booze for t’ai chi — with cropped white hair. “I’d kept a secret for two years, I knew the release date for two months, it was a countdown, 47 days to go . . . the final day we were e-mailing each other. I’d say, ‘I’m biting all my nails down, it’s 2 hours and 35 minutes,’ and he [Bowie] would write back, ‘2 hours and 26 minutes.’ Then I saw some posts on Bowie Worldwide just after midnight: ‘Holy shit’, ‘Oh my God . . .’ Everyone had written him off. The next day he was very happy about how well it had been received. ‘Well, what did you expect?’ I said.”
Bowie, he says, told him he would “never do another interview again” making Visconti, I say, his voice on Earth. “Tell me about it,” he says, wryly. The singer had a heart attack in 2004 and there have been rumours that he was suffering from cancer. “They’re categorically not true,” Visconti says. “He does not have cancer. If there’s one thing I would like to dispel it’s the rumours about his ill-health. He’s incredibly fit and takes care of himself. Obviously after the heart attack he wasn’t too thrilled but he has an amazing family and friends. Visconti calls family “the F-word” with good reason. He became estranged from Bowie in 1988 having talked about Bowie’s close relatives to the press in a way the singer felt was “too intrusive”. They reconciled “because we’re friends”.
Since his heart attack, Bowie has been painting — an exhibition of new work is possible, Visconti says — “and doing a phenomenal amount of reading: old English history, Russian history, the monarchs of Great Britain — what made them bad and good. Everything he reads makes it into the lyrics of his songs”, which is evident in our exclusive breakdown of the rest of the songs on the album about tyrants, spies and soldiers.
“I’ve worked with other rock stars who want to talk about their yachts and horses. Not David,” says the producer, fondly. Love in the internet age, glam rock and the workings of fame form more personal thematic ballast.
Certain to create the most headlines is Valentine’s Day, Bowie’s response to the epidemic of gun violence in American schools. It was written a year before the Sandy Hook Elementary School massacre in December. “It’s about mental health rather than gun control. It’s all young people doing these shootings. It goes inside the head of the shooter. David gives him the name Johnny, which I think is the name he’s given to about 12 people in his songs over the past 40 years.”
Why Johnny? “I don’t know. Maybe it rhymes well: a generic name which helps describe the common man. The issue for him isn’t so much guns but the mental health of the shooter. In the past two years there have been so many shootings and the next day we’d come into the studio and say ‘What the f***? Why is this happening?’ We were shocked like everyone else and don’t think it’s going to end anytime soon. We have kids and we can’t imagine the horror . . . the worst thing to happen to our kids would be them being shot in public.”
The Berlin period featured in the new single, when Bowie lived with Iggy Pop, wasn’t as depraved as people think. “We got drunk a lot. But he lived a very spartan life. Iggy had his bedroom, David had his.”
Did their relationship go beyond friendship? “No, absolutely not and at that time he had serious financial problems. He was breaking up with [first wife] Angie and he was reconstructing his life. Certainly there were periods when he reached the depths.
“During the making of Young Americans [1975] he was taking so much cocaine it would have killed a horse. Cocaine certainly almost killed me. During the making of that album I nearly died. I thought I was going to have a heart attack. I worked day and night. He’d come in to the studio at 11pm and work till 11am. One day I said, ‘I have to pack it in, the cocaine isn’t propping me up any more. I cannot stay awake. On the way home my heart felt like it was going to explode. I didn’t want to cause a scandal for him and me by going to hospital, so I took 12 sleeping pills — no suicidal intent, just to slow my heart and it did and I survived. We’d have both been dead if we’d carried on. There was a myth it wasn’t habit-forming back then. Foolishly we believed that. It was a social drug and socially acceptable. You went to any cocktail party and somebody put a line or spoon under your nose and you said ‘Oh, thank you.’ I know people who sold their homes to feed their habit. For us there was no limit.”
Visconti stopped taking cocaine in 1984. “I woke up one day imagining there were phantoms in the room. I just went cold turkey.” He stopped drinking in 2000 and Bowie and he both went to AA. “David found it very useful. We talk about being each other’s support system. If two people from the programme sit together that’s technically an AA meeting. Every two or three days we talk about it, although we don’t start and end with a prayer. I’ll say, ‘I’m coming to my 12th birthday’ and he says, ‘Well it’s been my 23rd.’ I ask, ‘Do you miss it?’ and he says, ‘I don’t miss it at all,’ and I say, ‘Me neither.’”
Sometimes the men recollect how drunk they were at a party, the limo that would wait for them outside after-hours clubs in New York. Their most outrageous night? “We stayed up with John Lennon until 10.30am. We did a mountain of cocaine, it looked like the Matterhorn, obscenely big, and four open bottles of cognac.” Visconti pauses. “He doesn’t do anything now. He’s Mr Clean. He looks great, rosy-cheeked. If you’re doing drugs and drinking at 66 you look like shit.”
Bowie’s poison now? A strong macchiato. Otherwise he drinks water in the studio, and eats roast beef sandwiches and salads.
The two have created 29 songs together of late, making a second album almost inevitable. “We’re not going to give up on the songs that haven’t made this one,” Visconti says.
“We’re going to go back and look at them because they’re spectacular musical pieces, they just haven’t been finished lyrically. I think he’s on a roll, and will possibly return to the studio later this year. If people don’t like this album then maybe he won’t, but it doesn’t matter to him. He told me what he wants to do is make records. He does not want to tour. He’s been doing it for more than 30 years and he’s tired of it. I’ve been with him on tour and, no matter how cosseted they are, they lose sleep, they get miserable and lonely. After being on stage they just want to get into the limo and crash. It’s gruelling and the star of the show has to deliver most on stage.”
Visconti recalls seeing him after a concert at Jones Beach outside New York in 2003. “He just sat there and said, ‘I’m knackered.’ He wasn’t enjoying it.”
It has been rumoured this week that Bowie might appear at the Glastonbury and SXSW festivals. “There is no possibility whatsoever,” Visconti says. “I don’t want to give people any hope. He’s pretty adamant that he’s found his muse. ‘I just want to make records,’ he told me.”
After the heart attack, Bowie resumed contact by sending Visconti “jokes and YouTube videos of people doing stupid things. I don’t think artists ever retire, why would he retire? Some artists have long periods of not creating: they need to accumulate experiences and have something to write about. I’ve read Christopher Hitchens’s book Mortality and I’m sure David has too.”
Bowie walks among New Yorkers well disguised: “He doesn’t stand on street corners for any length of time.” He was papped outside the recording studio in SoHo, New York, in October, but it was a rare sighting. He travels all over the world, “but you wouldn’t know it because he doesn’t want you to. He values his privacy because he hasn’t had a private life.”
The album was made over an 18-month period, then in the studio intensively for three months, two weeks at a time. Bowie makes his own demos at home on a computer.
“He knows how to make a drum loop and record chords and do a backing vocal over them,” his friend says. Sometimes tracks are just music or “la-la-las”. “He gets us to feel a song might be about an assassination, so everyone gets in that mood. None of the songs are pre-written, he jots down notes and I keep the microphone settings the same for each song so we can return to it.” The new single has very sparse lyrics, he explains, but every line evokes a feeling and reminded him of how much Berlin felt like a film noir, “a Third Man city. There is such drama there: the killing, Hitler . . .”
Visconti met Bowie and the singer Marc Bolan at the same time. “I knew they’d both be big,” he says. It was Bolan who was the more rivalrous, and Bowie, who discovered glam rock — in Visconti’s estimation — “about an hour before Bolan. They’re like my sons, I can’t say who I love more, but Bolan saw everyone as a threat. A friend showed me a picture of him, disguised, watching David and I on stage supporting Hawkwind, the hairiest band ever. He’s wearing a cloth cap so we wouldn’t recognise him.”
As for Bowie’s sexuality (in the Seventies he said he was gay, then bi), “I never witnessed him with a boyfriend. I certainly think he wanted people to think that but his main squeezes were always women. There was such homophobia back then. He said the best tactic was to go the other way and shock people. He said Ziggy Stardust was a persona but it confused people. I hear people even now saying, ‘You work with that queer.’ It’s never been dropped completely.”
Bowie “doesn’t care” about criticism, Visconti says. “He’s a very smart guy. Part of his thinking releasing the single may have been, ‘Let people think what they want, I’m going to shock them with this.’ If so, it came off flawlessly.”
Like many music journalists, Bowie and Visconti joke about good songs Bowie has made since the widely hailed album Scary Monsters (and Super Creeps) as “the best since since Scary Monsters”. They also have another joke. “Every time we go into the studio, we say, ‘This one’s going to be our Sgt Pepper.’”
He reveals that Bowie loves British comedy: particularly Harry Enfield and Paul Whitehouse, Peter Cook and Dudley Moore (he makes Visconti play Cook in sketch re-creations). DVDs of The Office played through the 2003 recording of the album Reality. Bowie is also addicted to the ITV drama Foyle’s War, the American police series The Shield and the French drama Spiral.
Visconti’s least favourite Bowie songs are from the Never Let Me Down period (“He lost his way”) but he likes Let’s Dance, even if he didn’t produce it. He says he likes to “mix things up” and has worked with Elaine Paige as well as Thin Lizzy. He produces younger bands today (including Razorlight and the Dandy Warhols) but is shocked by “how little musicianship they have compared to the 1970s, and I’m not being an old man — I was shocked by how little musicianship we had compared to Charlie Parker. Today they put 10,000 hours in on the computer, rather than shredding a guitar.”
Arctic Monkeys and Arcade Fire are honourable exceptions but he hates bands “channelling” the 1970s and 1980s. “It’s bollocks. Listen to the ballad we just released: it’s just a man singing from the heart with no trickery.”
Another single may precede the album’s release in March. Until then Visconti, three times married (once to the Welsh folk singer Mary Hopkin), with four children, and in a relationship for 12 years (“I’m more faithful as a single man, you have to work harder to keep up the romance”), will practise t’ai chi on his Manhattan roof and await more tantalising calls from the still-Thin White Duke. So, there’s more Bowie music to come and more surprises? “Oh yes,” Visconti says, grinning to the max.
David Bowie’s album The Next Day will be released on March 11 on RCA. The single Where Are We Now? is available on iTunes
Visconti’s guide to Bowie’s new album
1 The Next Day
An historical song and horrendously gruesome, I think it’s about a Catholic cardinal or tyrant. It’s very violent: the main character is hung, drawn and quartered, burnt and then torn apart by people.
2 Dirty Boys
A euphemism, and song, for all the glam rock stars that have ever been.
3 The Stars (Are Out Tonight)
It’s about all kinds of stars. You can say I’m being secretive.
4 Love is Lost
That’s not about a love affair but how everyone has cut down their feelings in the internet age.
5 Where Are We Now?
A very personal song — it’s about the Berlin we had been in in the 1970s. It is not as autobiographical as people are suggesting. He is a storyteller. This could be about him, or Berlin at a certain time.
6 Valentine’s Day
Inside the mind of a high school mass murderer named Johnny, inspired by the spate of shootings in US schools.
7 If You Can See Me
A challenging jazz-funk-rock composition, extremely fast with accompanying vocals by longtime Bowie singer Gail Ann Dorsey. Identities switch between someone who may be Bowie and a politician.
8 I’d Rather Be High
The lament of a demobbed Second World War soldier who would rather succumb to base emotions than be a human being. Bowie does not want to be high. He is clean and has been an AA member for years.
9 Boss of Me
Someone feels oppressed or abused, speaking in the third person.
10 Dancing Out in Space
A song about another music artist, possibly a conglomeration of artists.
11 How Does the Grass Grow?
It’s a companion song to I’d Rather Be High and is about the First World War: how British soldiers were trained as a metaphor for a lot of things. Sheer poetry.
12 (You Will) Set the World on Fire
About a young female singer who gets discovered in a nightclub in the 1960s. Does she set the world on fire? It’s not about anybody specific, but a couple of people who sang alongside Dylan.
13 You Feel So Lonely You Could Die
It’s about Russian history, from the time of the Cold War and espionage and about an ugly demise. It sounds like an R&B song.
14 Heat
It could be about prison, loneliness and sociopathic detachment. The lyrics are so bleak I asked him what he was talking about. “Oh, it’s not about me,” he said. None of these songs are. He’s an observer.

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 17:48
SINGLE. David Bowie a eu 66 ans mardi dernier. Au lieu d’attendre qu’on lui fasse un cadeau, il a préféré en faire un au public : un nouveau single, « Where are we now ? », dix ans après son dernier album Reality et six ans après sa dernière apparition sur scène. Ce nouveau titre est une véritable surprise, précédé d’aucune annonce ni rumeur. Mieux, pour les fans : il sert de préambule à un album prévu pour mars, The next day.
David Bowie HeroesBowie The Next dayLa pochette de ce dernier revisite celle d’un fameux album de David Bowie, Heroes, enregistré en 1977 lors de ce qu’il est convenu d’appeler sa « période berlinoise ». Le single de cette semaine et son vidéo-clip multiplient d’ailleurs les allusions à la capitale allemande et aux lieux fréquentés par le chanteur à l’époque.
ENO. En 1976, en effet, David Bowie part s’installer à Berlin où il travaille avec Brian Eno. De cette collaboration naîtra trois albums, Low, Heroes et Lodger. A l’origine joueur de clavier dans le groupe anglais Roxy Music, Eno est un musicien expérimental, précurseur de genres musicaux tels l’électro ou l’ambient, et l’un des pionniers de la technique du « sampling », ou échantillonnage de sons.
La chanson la plus célèbre de cette période de David Bowie est "Heroes", conçue dans les studios Hansa de Berlin Ouest, au 38 Köthener Straße, juste à côté du Mur, avec Brian Eno et le producteur Tony Visconti.
LARSEN. Le son très particulier de ce titre a été obtenu par un travail d’« overdubbing » (enregistrement de pistes par-dessus la base rythmique) qui prendra une semaine entière. Les musiciens font notamment un usage complexe de l’effet larsen. Ce phénomène acoustique strident est le résultat d'interférences entre un instrument électrique, des micros et l’amplification. A l’origine un son parasite (en particulier sur scène), il a été intégré dans les pratiques de studio depuis les Beatles.
Pour "Heroes", le guitariste Robert Fripp provoque délibérément des larsens avec son instrument et son ampli réglés au maximum, mais en prenant soin de noter à quelle distance de l’ampli il peut générer l’effet à partir de telle ou telle note en particulier. « Par exemple, expliquait en 2004 le producteur Tony Visconti dans le magazine Sound On Sound, un La pouvait 'larsener' à environ 1,2 m du haut-parleur de l’ampli, tandis qu’on pouvait le faire avec un Sol à 1 m. Il [Robert Fripp] marquait l’endroit avec du scotch si bien que lorsqu’il voulait jouer un Fa dièse, il se plaçait sur la marque 'Fa dièse' et c’est là que le larsen sur cette note sortait le mieux. » La technique a une contrainte : il faut jouer à un volume assourdissant...
VCS3. Pendant que Robert Fripp joue, sa guitare est reliée aux synthétiseurs VCS3 de Brian Eno. Il s’agit d’un instrument conçu à la fin des années 60 contenu dans une mallette, sans clavier mais doté de divers potentiomètres permettant de générer et contrôler des effets (filtres, oscillations). Le son de la guitare est donc traité et altéré par Eno au gré de son inspiration, en même temps que Fripp exécute ses larsens. Les musiciens feront trois prises selon ce procédé.
NOISE GATE. Mais la trouvaille la plus étonnante concerne l’enregistrement de la voix de David Bowie. Tony Visconti utilise la technique, déjà connue, du « noise gate », consistant à gommer tout bruit parasite au moment de l’entrée d’un son dans un micro (rumeur de fond, vibrations des amplis et des instruments, respirations, etc.), en paramétrant un volume précis à partir duquel le micro s’ouvre. Pour « Heroes », le producteur applique le procédé à pas moins de trois micros, situés à trois distances différentes du chanteur ! Une première.
La chose est facilitée par la taille du studio, une ancienne salle de concert de 1913 de 650 mètres carrés sous 15 mètres de plafond. Un micro est placé à 23 cm de Bowie, le deuxième à 6 m et le troisième à 15 m, les deux derniers étant équipés d’un « noise gate ».
RÉVERBÉRATION. Chaque micro s’ouvre à partir d’un certain volume de la voix. Et quand l’un s’ouvre, les deux autres se ferment. Quand Bowie parle presque, au début de la chanson, c’est le micro un. Quand il pousse le chant, c’est le micro trois. La distance de ce troisième micro fait bénéficier à l’enregistrement de la réverbération naturelle de l’immense pièce, mais la voix sonne loin dans le mixage, comme enfouie. Ce qui est l’effet recherché, la chanson évoquant deux amoureux s’embrassant près du Mur du Berlin, dans l’ambiance pesante de la Guerre Froide.
 
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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 06:47

Les dîners du « je dis »

Par Christian Soleil

Prix de vente public :
  • 14,00 € en livre papier
  • 8,40 € en téléchargement
Résumé :

Christian Soleil et Gabrielle Seyssiecq se sont rencontrés au milieu des années 1990 dans une fête du livre en province. Christian Soleil est consultant en management et communication. Gabrielle est psychothérapeute en retraite. Tous les deux écrivent et publient des romans. Une amitié naît. Plus de quinze ans plus tard, ils décident de composer ensemble un livre d'entretiens autour du parcours du métier de Gabrielle Seyssiecq : cette femme a traversé la seconde moitié du XXe siècle, petite fille psychopathe, militante chrétienne puis de gauche, féministe de la première heure, infirmière psychiatrique puis psychothérapeute, amie de Françoise Dolto. La question de la psychanalyse est bien sûr au cœur de leurs échanges, et puis la vie, la vie qui va, la vie qui vient, la vie qui court et nous fait perdre.

Biographie :

Installé dans le sud-est de la France, Christian Soleil travaille comme consultant en management et communication pour diverses entreprises et structures européennes. Il publie depuis l'âge de vingt ans des ouvrages dans les domaines les plus variés : roman, théâtre, essais, biographies, recueils de contes et légendes. Il puise son inspiration dans les grandes villes d'Europe, des Etats-Unis et du Japon entre lesquelles il voyage dès que ses occupations professionnelles le lui permettent.  

Thème : Témoignage

Nombre de pages : 90

Format : Roman (134x204)

ISBN livre papier : 9782332537164

ISBN livre téléchargement : 9782332537171

Date de publication : 13 décembre 2012

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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 17:42
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C'est dans un ancien atelier d'artisan, au rez-de-chaussée d'une rue tranquille du XIe arrondissement de Paris, que Mazarine Pingeot a posé son sac avec toute sa smala. Un de ces lieux ouverts à tous, aux enfants, aux amis... L'exact opposé du sinistre grand appartement de fonction de son adolescence, fermé au monde extérieur. Mazarine Pingeot, 37 ans, professeur de philosophie à Paris VIII (Saint-Denis), journaliste et fille longtemps cachée de François Mitterrand. n'en finit pas de reconstruire sa vie. De revisiter son drôle de passé. Auteur de plusieurs romans, dont Bouche cousue, publié avec succès (300 000 exemplaires vendus) en 2005, la chroniqueuse de Michel Field a suivi avec intérêt la dernière campagne présidentielle. Mais ce sont essentiellement ses vertes années et son ascendance peu banale qui nourrissent encore une fois - et avec bonheur - ce Bon Petit Soldat.
 
Pourquoi, sept ans après Bouche cousue et son succès colossal, avez-vous souhaité revenir sur votre enfance?
 
Bouche cousue était une sorte de coming out, une étape fondamentale dans mon travail littéraire, les précédents romans n'étant que des exercices de style, mais il ne m'a pas pour autant délivrée de la muselière. En fait, ce livre, je pourrais l'écrire toute ma vie ; selon la période, il y a toujours un point de vue différent sur les problèmes à régler, à détricoter. J'en écrirai peut-être un autre, voire deux. C'est l'histoire d'une vie, une interrogation infinie et qui bouge.
Mazarine Pingeot en 7 dates
1974 Naissance le 18 décembre à Avignon (Vaucluse).
1994 Elève à l'Ecole normale supérieure ; diffusion, le 21 septembre, d'une photo en compagnie de son père à la Une de Paris Match.
1997 Agrégation de philosophie.
1998 Publication de son Premier Roman.
2003 Chroniqueuse dans Field dans ta chambre.
2005 Sortie de Bouche cousue.
2012 Publication de Bon Petit Soldat, son 9e livre, chez Julliard.
 
Si le premier avait été déclenché par la grossesse, le déclic de celui-ci est, semble-t-il, la campagne présidentielle...
Oui, l'effet de déjà-vu a enclenché la dynamique. Assez vite après Le Bourget [le premier grand meeting de Hollande], j'ai commencé à écrire. Comme un journal, en temps réel, mais cela n'a rien à voir avec un journal de campagne ou un livre politique.
 
Vous utilisez le "vous" tout au long du récit. Cette impossibilité de dire "je" vous a tout de suite sauté aux yeux?
 
 
Cela s'est imposé lors de l'écriture. Le choix du "vous" est à la fois une forme de distanciation, qui permet aussi l'ironie, le jeu avec son histoire, et le véritable thème du livre, le tabou du "moi".
 
Jeune, vous vous deviez, en effet, d'être invisible - vous vous comparez même à un agent de la DST -, un "cauchemar éveillé".
 
Il n'y a pas pire que d'être un agent secret, sans identité. Cela engendre pas mal de névroses. Tu associes inconsciemment le fait de devoir te taire et te cacher à quelque chose de honteux. Car que cache-t-on ? Soit un trésor, soit quelque chose de honteux. Moi, j'avais le double statut... Pas facile de devenir soi-même dans ces conditions. Et puis tu vas encore plus loin que ce que l'on te demande. Pour protéger les parents, tu fais tout pour ne pas déranger, tu es un bon petit soldat. Cela s'exprime dans le rapport à l'argent, aux gens, au travail, à la légitimité. Toujours s'excuser d'être là. Cela devient une seconde nature. Aujourd'hui encore, négocier un salaire, revendiquer ma valeur, est un cauchemar pour moi.
 
Vous aviez deux solutions : vous taire ou vous révolter. Pourquoi avoir choisi la première?
 
 
En fait, la révolte n'était pas possible. Une bonne révolte adolescente aurait été, dans mon cas, un coup d'Etat, c'était dangereux, au sens propre du terme. Du moins l'ai-je associé à quelque chose de cet ordre-là. Ce n'était pas l'heure des enfantillages. Alors tu rentres dans le système et tu le protèges.
 
Le tableau des années passées entre votre père et votre mère dans ce grand appartement "sans vie, sans histoire, sans mémoire" du quai Branly semble bien sombre.
 
Il y avait beaucoup d'amour, mais ma mère et moi étions coupées du monde. C'était un sinistre appartement de fonction, un endroit protégé, totalement neutre, un refuge et un abri, ce qui est aussi une forme de prison. Nous ne l'avons jamais vraiment investi, nous étions sursitaires, telles des étrangères à l'intérieur de Paris, avec cette impression d'extraterritorialité propre aux ambassades, protégées en permanence par des gendarmes. La solitude venait du manque de fluidité entre le dedans et le dehors. J'avais des copines, mais c'était compliqué.
 
Vous affirmez ne pas avoir su à l'époque, tout comme votre père, qu'un petit milieu avait connaissance de votre existence. On a peine à le croire, du moins de la part de votre père...
 
Il devait, peut-être, savoir un peu... Mais les gens avaient peur de lui, et il n'était pas le genre d'homme à qui on venait dire : "Eh, je sais que tu as une fille cachée !" Le fonctionnement de mon père, c'était bien ce silence qui imposait des situations. Comme il ne rendait de comptes à personne - ce qui a posé des problèmes en politique, et partout, mais voilà, c'est comme cela -, personne n'aurait osé mettre les pieds dans le plat. Tant qu'on n'en parlait pas, cela n'existait pas !
 
Encore aujourd'hui, vous dites avoir du mal à vous présenter sous votre prénom...
 
Dire "Mazarine", c'est comme avouer quelque chose. Je m'entends le dire, ça coince. En plus, ce n'est pas un prénom discret. J'en suis fière, mais il est affreusement dérangeant, identifiant. Se cacher et s'appeler Mazarine est une équation impossible. Elle est encore là, l'ambivalence de mon père.
 
Le choix de vos études - Normale sup, agrégation de philo - découle-t-il de votre désir d'anonymat ?
 
Normale sup, oui, je voulais y arriver pour me prouver que ma réussite était due à mon seul travail, à ma propre valeur. La philo, je l'ai vraiment choisie, et pour le coup c'était un domaine totalement étranger à mes parents. Le concept, la théorie m'attire. La philo aide à décrypter le monde, mais c'est aussi une manière de le mettre à distance. Encore une fois, il y avait là une forme de résistance au ressenti, à l'émotion, à la vie. Aujourd'hui, je suis de plus en plus intéressée par la philosophie qui parle du réel. L'un de mes cours à la fac est consacré à l'idée de l'humanité à travers la déshumanisation.
 
En novembre 1994, votre monde a basculé avec la publication dans Paris Match de la fameuse photo de vous auprès du président...
 
Quand tu construis ta vie sur l'invisibilité et que tu vois ta tête sur tous les dos de kiosque, il y a une violence terrible. Le problème de la photo, c'est que l'image t'échappe, tu deviens une histoire que les gens se racontent. L'image publique fait obstacle à la vraie rencontre, elle masque et dépossède à la fois. Celle de DSK avec ses menottes m'a fascinée ; cet homme, dans sa plus grande vérité et intimité pure, est devenu un objet pour tout le monde. Sans protection.
 
Votre père avait-il conscience de la déflagration que cette photo allait provoquer en vous?
 
Non, je pense qu'il n'a pas pu comprendre, tout comme ma mère, très désemparée elle aussi. Cela les a dépassés. Ils ont été coincés dans cette histoire, ils ont été pris dans leur propre problématique. Pour le coup, j'ai dû me débrouiller toute seule.
 
Vous avez été "objet de curiosité et de vindicte". C'est-à-dire?
 
J'ai eu droit à tout, aux contribuables furieux, aux articles incendiaires... Je me souviens d'un papier hallucinant de Philippe Alexandre dans Paris Match, qui racontait que je prenais des jets privés pour aller à New York avec mon petit copain, Ali. Je n'ai jamais mis les pieds à New York et, avec Ali, j'ai surtout voyagé en charter ! Plus tard - j'avais 23 ans -, à la sortie de mon premier roman, qui n'était pas un chef-d'oeuvre, je vous l'accorde, certains articles ont été d'une violence hallucinante. J'en ai souffert. Et puis, à 30 ans, avec Bouche cousue, je me suis autorisée à parler de cette histoire dont tout le monde parlait et qui était la mienne ! C'est dans ce matériau, les questions de filiation, de transmission, du rapport au corps, que je puise tous mes romans.
 
Aujourd'hui, vous laissez dire?
 
J'attaque systématiquement sur l'image, les photos volées, car c'est insupportable. Sur les mots, je laisse faire. J'ai vu mon père être adoré, mais aussi attaqué, insulté, haï. Je m'en suis fait une raison. Cette haine ne m'est pas adressée à moi, mais à ce que je représente. Je ne suis qu'une victime expiatoire, c'est mon héritage, mon karma.
 
Vous brossez un portrait très positif de votre père (un être doux, bon, tolérant, complice...), mais vous parlez aussi de votre "haine" à son égard, lorsqu'il débarque sur votre lieu de vacances. Un sacré bémol?
 
Ce côté père intermittent, père alterné, a pu me déstabiliser, me déranger dans mon petit confort. Quand il était à l'extérieur, il n'était plus mon père, il était un personnage, le clivage était total. Alors, quand l'homme revient, il faut redéfinir les places, la mère devient la femme du père, le duo fusionnel mère-fille n'est plus. Cela dit, il n'y a pas qu'un bémol ici, tout ce livre est aussi un bémol, non sur lui, mais sur le système qu'il a mis en place et que tout le monde a validé. Encore aujourd'hui, les gens ne répondent pas à mes questions, ils continuent de le protéger. Il est vrai que mon père ne rendait jamais de comptes, les gens devaient deviner. Mais je ne suis pas du tout dans la rancune envers mes parents, j'essaie juste de comprendre comment les choses se sont passées.
 
Quel usage faites-vous de l'héritage moral qu'il vous a confié?
 
Un très bon usage [Rires]. C'est un cadeau empoisonné. Mais je le prends à coeur quand il le faut.
 
Vous lisez tout ce qu'on écrit sur lui?
 
Non, je déteste. Car c'est toujours faux, même quand c'est vrai, ce n'est pas la même personne, j'ai du mal à faire coïncider les images. J'y viendrai, mais c'est compliqué. De toute façon, pas plus qu'il ne le faisait hier je n'attaquerai les écrits.
 
A part cet héritage moral?
 
Rien, si, la maison de Gordes - il l'a achetée pour nous - et sa bibliothèque personnelle - tout Anatole France relié, un cauchemar ! Pour le reste, tout relève de l'éducation de ma mère : se faire seul, ne rien devoir.
 
C'est une mère indépendante et stricte, voire dure, qui transparaît ici.
 
Elle est hypertendre, mais toujours dans la tenue et la retenue. Sa droiture est incroyable, impressionnante. Sur tous les plans. Presque trop. En même temps, ses principes ont permis d'ériger de bons garde-fous.
 
Votre mère a-t-elle lu ce livre?
 
Elle vient de le lire, oui. Elle ne dit jamais rien sur mes livres, tout cela est compliqué pour elle. Par ailleurs, elle n'est pas du genre à faire des compliments. On s'adore, mais on n'est pas des copines. Reste qu'elle m'a dit avoir entendu ma voix avec beaucoup d'intérêt. Et elle m'a fait rire en relevant deux erreurs : une histoire de métro pour aller à Rome, alors qu'il s'agissait d'un train ; et de yaourts périmés que mangeait mon père alors que, m'a-t-elle dit, il ne mangeait jamais de yaourt. En tant qu'historienne de l'art, elle a un rapport à la vérité très pointu...
 
Vous égratignez peu de monde, même Marine Le Pen passe à travers les mailles...
 
Je ne la supporte pas, je vous rassure, mais elle me fait pitié. Elle n'est, selon moi, que le désir de son père, un grand dingue. Quand on regarde la typologie des monstres ou des grands chefs totalitaires, on découvre qu'il y a toujours, à la base de leur psychologie, une forme de dépossession de soi, un vide qu'ils essaient de remplir. Sa position politique radicale correspond très bien à un certain schéma psychologique.
 
Et vous ? N'avez-vous pas été dépossédée?
 
Moi, tout d'abord, je ne suis pas du tout attirée par le pouvoir. Il est vrai que je le connais, j'étais à côté, j'en sais les revers, cela ne peut pas être un fantasme. Et puis la dépossession ne donne pas forcément lieu à une radicalité idéologique.
 
En revanche, vous n'épargnez pas Nicolas Sarkozy...
 
Oui, c'est épidermique. Il y a lui - indécent, vulgaire, hystérique - et tout ce qu'il représente. Il est à mes yeux quelqu'un de très dangereux, un vrai populiste qui n'a aucune conviction et qui règle trop de choses dans son rapport au pouvoir. Il ne respecte personne et parle aux gens avec mépris, en massacrant la langue.
 
Contrairement à François Hollande, qui, lui, dites-vous, n'a ni pathologie, ni besoin de revanche, ni hystérie.
Comment Mazarine a vu présidentielle 2012
Avec la campagne ont resurgi le refoulé et les insultes. Mais, pour cela, je suis assez blindée. Ce qui était plus compliqué, c'était d'être là pour moi et pour quelqu'un d'autre, ce fantôme dont je suis le témoin et la preuve. Bref, d'être encore une fois une image, un symbole. Je l'ai fait en connaissance de cause car, pour le coup, c'était là mon devoir de mémoire, mon travail. J'ai voulu me rendre utile quoique je ne sois pas une grande militante. Le 18 mars, par exemple, j'ai accepté de lire un texte de Louise Michel au Cirque d'hiver pour le grand meeting culturel de François Hollande. L'un des moments les plus forts a incontestablement été la fête à la Bastille. Pour tout le monde, la Bastille, c'est 1981. Sauf pour moi, ma mère n'avait pas voulu que j'y sois. En même temps, ce 10 mai 1981 a signifié un changement de vie radical que je n'ai pas tellement compris à l'époque - je n'avais que 6 ans. Changement de vie, changement de père, et pour ma mère un moment dramatique - elle pensait que cela sonnait la fin. Donc, aller à la Bastille en 2012, c'était vivre cet événement dont j'avais été dépossédée, c'était réintégrer mon histoire et l'histoire collective. C'était presque aussi émouvant que l'investiture de François Hollande à l'Elysée. Sauf que je me suis fait voler mon portable dans le métro [Rires]. J'avais la haine."
 
C'est rassurant, en effet. Il a cette ambition bien sûr (moi, il faudrait me payer pour être président, le poste le plus cauchemardesque qui soit), mais elle ne s'inscrit pas dans un chemin de revanche. Sa présence est plus calme, plus accomplie.
 
Que pensez-vous de sa politique?
 
Je trouve qu'il n'est pas allé assez vite dans les grandes réformes symboliques. Ainsi du vote des étrangers : il fallait procéder tout de suite, comme on l'a fait pour la peine de mort. En même temps, nous n'avons pas encore beaucoup de recul.
 
L'élection de François Hollande a-t-elle fait office de thérapie?
 
De réparation, plutôt. Au niveau personnel, d'abord : arriver officiellement, simplement, le jour de son investiture, en portant mon nom, mon prénom, dans ce lieu qui n'était pas que l'Elysée, qui était le bureau de papa, le lieu interdit, le lieu du rejet, m'a apaisée. La boucle est bouclée. Plus généralement, l'élection a affermi la légitimité de la gauche au pouvoir, ce qui rejoint ma propre problématique : mon père n'est plus une exception. Une exception, c'est génial, mais c'est lourd aussi. Enfin, Hollande a eu des mots justes, et très fins. Lui aussi, je pense, avait en tête cette notion de passation. Moi, j'étais un petit relais, un trait d'union symbolique.
 
Cette parenthèse s'est-elle refermée avec l'élection?
 
Plutôt, oui. Cette période m'a permis d'évacuer beaucoup de choses. Je serai toujours la fille de mon père, je lui ressemblerai toujours, mais cela n'est plus un problème.
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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 17:35

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Bouleversant dans le film  Amour de Michael Haneke qui a récolté la Palme d'or au Festival de Cannes, Jean-Louis Trintignant conserve une capacité particulière à émouvoir lors de ses interviews. Son intelligence, son humanité et sa sagesse habitent chacune de ses phrases. A 81 ans, cet homme à la filmographie vertigineuse a accepté de revenir sur les écrans, après plus d'une dizaine d'années d'absence. Il admet sans mal préférer le théâtre au septième art, mais pour Haneke, qu'il considère comme le plus grand cinéaste de tous les temps, il a accepté. C'est ainsi qu'est né Amour, un film dur et fort sur cette question : Comment gérer la souffrance de quelqu'un qu'on aime ?

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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 01:27

Julian Bell

Julian Bell dans les années 1930

 

Christian Soleil a Skyros

Christian Soleil dans les années 2010

 



  Communiqué  
 
   

Le Neveu de Virginia Woolf
par Christian Soleil

Julian Bell était le fils de Vanessa Bell et de Clive Bell, et le neveu de Virginia Woolf. Socialiste, poète, intellectuel, cet étudiant de King's College, Cambridge, décide de s'engager dans la guerre d'Espagne contre les troupes de Franco, où il mourra en 1937. Dans ces entretiens imaginaires, un journaliste allemand ami de Klaus Mann, Christian Schneider, interroge le jeune Julian sur sa famille, sa vie, ses amitiés, ses amours et ses engagements politiques. La rencontre se passe dans la maison de ses parents à Gordon Square, Londres. Ce texte, qui a beaucoup ému Angelica Garnett à la fin de sa vie – la demi-soeur de Julian Bell est décédée quelques jours après avoir pris connaissance de ces entretiens apocryphes – révèle toute la vigueur intellectuelle du jeune Julian, son acuité d'observation et d'analyse sur le monde en transformation qui est le sien, et son étonnante lucidité sur l'avenir de l'Europe.
Pour construire ces entretiens vifs, percutants et étonnamment actuels, Christian Soleil a imaginé les questions, mais s'est inspiré, pour les réponses, des écrits personnels de Julian tels qu'ils apparaissent dans les papiers du poète déposés à King's College, Cambridge. Une manière de redonner vie à celui qui, comme tant d'autres, fut arraché prématurément à l'existence malgré les promesses de son art.

Retrouvez des extraits de ce livre en cliquant ici



  Informations complémentaires
 

Genre : Biographies
ISBN : 9782748390193 - 160 pages - 18,00 €



  Comment commander cet ouvrage
 
 
Ce livre est disponible à la vente au format papier et au format numérique (PDF). Pour vous le procurer :

au format papier, sur le site Internet des éditions Publibook en cliquant ici, ou en librairies, sur commande ;

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Le service diffusion
Éditions Publibook

 



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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 01:08

Julian Bell

Julian Bell dans les années 1930

 

Christian Soleil a Skyros

Christian Soleil dans les années 2010

 



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Le Neveu de Virginia Woolf
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Julian Bell était le fils de Vanessa Bell et de Clive Bell, et le neveu de Virginia Woolf. Socialiste, poète, intellectuel, cet étudiant de King's College, Cambridge, décide de s'engager dans la guerre d'Espagne contre les troupes de Franco, où il mourra en 1937. Dans ces entretiens imaginaires, un journaliste allemand ami de Klaus Mann, Christian Schneider, interroge le jeune Julian sur sa famille, sa vie, ses amitiés, ses amours et ses engagements politiques. La rencontre se passe dans la maison de ses parents à Gordon Square, Londres. Ce texte, qui a beaucoup ému Angelica Garnett à la fin de sa vie – la demi-soeur de Julian Bell est décédée quelques jours après avoir pris connaissance de ces entretiens apocryphes – révèle toute la vigueur intellectuelle du jeune Julian, son acuité d'observation et d'analyse sur le monde en transformation qui est le sien, et son étonnante lucidité sur l'avenir de l'Europe.
Pour construire ces entretiens vifs, percutants et étonnamment actuels, Christian Soleil a imaginé les questions, mais s'est inspiré, pour les réponses, des écrits personnels de Julian tels qu'ils apparaissent dans les papiers du poète déposés à King's College, Cambridge. Une manière de redonner vie à celui qui, comme tant d'autres, fut arraché prématurément à l'existence malgré les promesses de son art.

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